Intervention de Geneviève Chêne

Réunion du mercredi 15 avril 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Geneviève Chêne :

Il est absolument crucial de maîtriser et de casser la chaîne de transmission du Covid-19 dans les EHPAD. Il est très important de tester non seulement les résidents, mais aussi les professionnels qui interviennent auprès d'eux et par lesquels le virus peut entrer dans les établissements. S'ils sont testés positifs, il est indispensable de les éloigner des EHPAD.

Le confinement constitue une situation de distanciation sociale extrême. Le déconfinement devra donc être progressif et s'inscrire dans la continuité de la situation présente. Ce processus posera un certain nombre de difficultés, notamment sanitaires.

On a souligné que le confinement permettait de réduire la capacité de transmission du virus, avec l'objectif de faire passer le taux de reproduction de base de la maladie de 2 ou 3 à un taux largement inférieur à 1 afin de maîtriser l'épidémie. Cette situation présente toutefois un certain nombre d'inconvénients, notamment en termes de santé mentale, que plusieurs enquêtes permettent aujourd'hui de mesurer. Ainsi, dans le dernier baromètre publié par Santé publique France, nous avons posé la question de l'anxiété : alors qu'un peu plus de 13 % des personnes interrogées manifestaient un état anxieux en 2017, ce taux a grimpé à 25 % lors des premières semaines de confinement et il est sans doute encore sous-estimé. Il nous revient donc de proposer un certain nombre de mesures visant à diminuer ce niveau d'anxiété.

En tant qu'épidémiologiste, je considère que cette anxiété présente un intérêt, dans la mesure où elle est un moteur qui pousse les Français à adhérer pendant une période aussi longue aux règles assez strictes auxquelles ils sont soumis. Toutefois, elle pose aussi des difficultés en termes de santé mentale. Elle rend nécessaire un certain soutien social et impose aux médecins traitants, par exemple, de rester aux côtés de leurs patients. En cela, la batterie de mesures adoptées visant à faciliter l'accès aux soins – je pense notamment au développement de la télémédecine et des téléconsultations – est extrêmement importante.

Permettez-moi d'ajouter un élément au débat sur la réouverture des écoles. Il est très peu fréquent que les enfants présentent une forme grave de la maladie, si ce n'est dans un contexte médical très particulier. Aussi, le fait de laisser les enfants en contact les uns avec les autres pourrait permettre de développer une immunité collective vis-à-vis du coronavirus – certains pays ont d'ailleurs fait ce choix. Dans la période post-confinement, cet élément de stratégie ne sera peut-être pas négligeable : il pourra permettre d'augmenter la proportion d'individus immunisés contre la maladie au sein de la population. Toutefois, les enfants seront aussi en contact avec leurs parents, leurs grands-parents et d'autres personnes fragiles, ce qui pose la question du respect des gestes barrières et du port du masque, par exemple. Très peu d'études scientifiques ont été menées sur le port du masque par les enfants, et il semble assez difficile de leur imposer cette pratique systématique ; ils peuvent cependant apprendre l'ensemble des gestes barrières tels que le lavage des mains et les autres règles d'hygiène. Mais la situation particulière des enfants et des jeunes adultes, qui ne développent pas de formes graves de la maladie, ne résout évidemment pas tous les problèmes et ne permet pas de conclure que toutes les conditions seront remplies pour assurer la réouverture des écoles dans des conditions de sécurité maximale.

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