Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 4 juin 2020 à 9h00
Nécessité d'une bifurcation écologique et solidaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

On arrête tout et on réfléchit. On nous dit que le bonheur, c'est le progrès et qu'il faut faire un pas en avant : c'est le progrès, mais jamais le bonheur. Alors, faisons un pas de côté et essayons autre chose. Si nous faisions un pas de côté, nous verrions ce que nous ne voyons jamais. Des mots qui résonnent, comme si L'An 01 de Gébé avait déjà pensé l'après. Nous avons vu ce que nous ne voyons jamais, mais où est le pas de côté ?

La pandémie n'est pas une parenthèse que l'on pourrait refermer, car elle dit des choses de nous que personne ne doit ignorer. Le virus de covid-19 nous parle des inégalités sociales et sanitaires, des failles du capitalisme et de la globalisation mises à nu, de la destruction des écosystèmes, d'un monde qui s'étiole peu à peu sous nos yeux. Nous ne devons pas sauver le monde d'avant, nous ne pouvons pas faire perdurer un modèle qui fait primer le profit sur l'intérêt général humain, qui appauvrit la majorité sociale du pays pour enrichir jusqu'à l'indécence une minorité de très riches, qui laisse des millions de personnes privées d'emploi quand d'autres sont contraintes d'accepter de travailler dans des conditions déplorables et qui oblige à choisir entre manger et se chauffer.

La croyance dans la capacité du marché à tout résoudre est mortifère, car c'est le libre marché qui a abouti à la désindustrialisation, à la pénurie de médicaments, à l'impossibilité de produire en nombre suffisant des masques, des tests et des respirateurs pour protéger la population. Karl Polanyi l'écrivait déjà il y a soixante-quinze ans au sujet de la crise de 1929 : « Notre thèse est l'idée qu'un marché s'ajustant lui-même était purement utopique. Une telle institution ne pouvait exister de façon suivie sans anéantir la substance humaine et naturelle de la société, sans détruire l'homme et sans transformer son milieu en désert ».

Le désert, voilà ce à quoi nous sommes promis avec vous ! Vous sauvez le monde d'avant quand vous augmentez la durée de travail hebdomadaire à soixante heures, quand vous supprimez des jours de réduction du temps de travail – RTT – et de congé, quand vous appelez des entreprises à baisser les salaires, quand vous renflouez les caisses d'entreprises polluantes sans aucune contrepartie sociale ou écologique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.