Intervention de Valérie Boyer

Réunion du mercredi 11 octobre 2017 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer :

Ma première question concerne les chrétiens d'Orient. En ce moment, l'Institut du monde arabe à Paris organise une magnifique exposition sur leur sort. L'indice mondial des persécutions des chrétiens, qui est élaboré chaque année par un réseau d'ONG présentes sur le terrain, a permis d'établir un classement des cinquante pays où les chrétiens sont les plus opprimés en raison de leur foi. Ce classement confirme que la montée de l'influence du fondamentalisme islamique et de l'organisation terroriste Daech a provoqué une très forte aggravation de la persécution des chrétiens dans certains pays du Proche-Orient et du Moyen-Orient – je veux parler de l'Afghanistan, du Pakistan, de l'Irak, de l'Iran et, bien sûr, de la Syrie qui nous occupe aujourd'hui.

Dans tous ces pays, les chrétiens sont non seulement privés du droit d'exercer librement leur religion mais ils sont en outre exposés à des persécutions, à des menaces sur leur vie et font l'objet de multiples discriminations. Qui les défend ? Qui s'en occupe ? En vérité, personne. Je voudrais rappeler deux chiffres : les chrétiens de Syrie étaient au nombre de 160 000 avant la guerre ; ils ne sont plus qu'une poignée, entre 30 000 et 40 000 personnes. Ceux qui restent doivent réapprendre à vivre après le départ des groupes armés. Est-ce que l'ONU envisage de reconnaître le génocide des chrétiens d'Orient ? On peut saluer ici le travail de nos collègues eurodéputés qui ont adopté, en février 2016, une résolution sur le massacre systématique des minorités religieuses par le soi-disant État islamique en Irak et en Syrie.

Ma deuxième question porte sur les « revenants » ou returnees, peu importe le nom qu'on leur donne. Monsieur l'envoyé spécial, nous sommes ici au lendemain d'un nouvel attentat qui a tué deux jeunes filles à Marseille, dans des conditions absolument abominables. Cet attentat nous conduit à nous interroger sur notre propre organisation et sur ce que nous devons faire. Selon l'Élysée, 700 adultes français se trouvent dans des zones djihadistes en Irak et en Syrie, dont un tiers de femmes et 500 mineurs dont la moitié est née sur place et a moins de cinq ans. Environ 2 000 Français ou résidents en France sont partis dans ces deux pays, l'Irak et la Syrie, et 200 ou 300 y auraient été tués. Le ministre de l'intérieur avait annoncé début août que 217 majeurs et 54 mineurs venant de zones de combats en Irak et en Syrie étaient rentrés en France. Que fait l'ONU face à ce flux de terroristes, en tout cas de bombes à retardement qui vont arriver en France ou qui y sont déjà ? Certains mineurs sont peut-être scolarisés sans aucun suivi. En fait, on ne sait rien.

Ma troisième question est relative aux conditions de détention des prisonniers en Syrie. Il semblerait que les prisons syriennes soient devenues le théâtre d'atrocités : on torture, on viole, on assassine chaque jour avec toujours plus de cruauté. Amnesty International estime que plus de 17 000 personnes y ont été tuées depuis le début du conflit, il y a cinq ans. Ces pratiques inhumaines vont bien sûr à l'encontre du droit international et des dispositions prévues par la résolution 2139 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il s'agit, pour beaucoup, de crimes de guerre. Dans ces circonstances, je voudrais savoir si des observateurs indépendants des structures de détention sont autorisés à enquêter sur les conditions de détention et à s'entretenir librement avec des personnes ayant été emprisonnées. Est-ce que l'ONU envisage des actions ? Si oui, lesquelles ?

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