Intervention de Pascal Bois

Séance en hémicycle du mardi 6 octobre 2020 à 21h30
Restitution de biens culturels à la république du bénin et à la république du sénégal — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Bois :

M. le ministre et M. le rapporteur ont très bien retracé et décrit dans leurs propos respectifs l'objet de ce projet de loi et toute la singularité que ce sabre et ces vingt-six regalia représentent. Je n'y reviendrai pas en détail. Nous ne pouvons que nous satisfaire de leur retour au Sénégal et au Bénin – j'emploie intentionnellement ce vocable de « retour ».

Au nom du groupe La République en marche, je félicite le rapporteur pour le travail approfondi qu'il a effectué ; j'y associe Marion Lenne, rapporteure pour avis. Les nombreuses auditions, aussi enrichissantes les unes que les autres, nous auront permis de rencontrer la quasi-totalité des acteurs concernés. Elles nous ont aussi permis de mieux cerner l'étendue des problématiques liées à ce sujet complexe où se confrontent plusieurs éléments : le volontarisme politique et le retranchement derrière l'inaliénabilité des collections publiques ; l'exigence de vérité et de repentance là où l'humilité nous impose de ne pas réécrire l'histoire et d'accepter toutes les énigmes d'une oeuvre ; la condescendance au sujet des futures conditions de conservation et la confiance dans les coopérations muséales en cours et à venir.

Nous avons aussi pris conscience de la portée des principes d'universalisme des musées de France et de circulation des oeuvres, mais aussi de la captation patrimoniale. 90 % du patrimoine africain se trouve dans des collections privées et essentiellement dans les musées d'Europe. Cette situation empêche littéralement les populations d'Afrique – a fortiori leur jeunesse – d'accéder aux oeuvres issues de leurs propres cultures et de leurs civilisations ; il faut l'avoir en tête lorsque l'on examine ce projet de loi. C'est ce qu'a bien compris le Président de la République. Le retour de ces oeuvres concrétise l'un des engagements pris à l'occasion de son discours de Ouagadougou, en 2017, qui a exprimé trois messages forts. Tout d'abord, celui de la main tendue vers l'Afrique en signe d'amitié. Ce n'est pas qu'un acte de diplomatie culturelle ; tout au contraire, elle offre le premier rôle à la coopération culturelle pour amorcer de nouvelles relations d'échanges entre l'Afrique et la France et, pour reprendre la formule du Président de la République, « [d']un passé, qui doit passer ». Cela invite à la confection d'un nouvel imaginaire, loin des souvenirs de nos conflits et de nos traumatismes, qui nous feraient basculer dans la tragédie de nous ignorer les uns les autres.

C'est aussi la réparation d'une injustice. Nous rendons des objets soustraits à leur pays d'origine, dans des circonstances négatives, durant le passé colonial de la France.

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