Intervention de Philippe Gosselin

Séance en hémicycle du mercredi 4 novembre 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

L'heure est suffisamment grave pour que nous pensions ensemble – et dans la même direction – aux soignants, aux malades, à toutes ces familles endeuillées.

Et alors que nous nous trouvons dans cette enceinte où nous faisons la loi, je pourrais à nouveau vous parler, parce que c'est la réalité, de l'état d'exception que vous instaurez à nouveau, attentatoire à des libertés publiques individuelles, à des grands principes. Vous allez toucher à des pans entiers du droit – droit du travail, droit de la sécurité sociale, droit de la fiscalité, droit électoral, j'en passe et des meilleurs. Oui, je pourrais vous parler des grands principes et de cet état d'exception qui va s'étendre en réalité du 23 mars 2020 jusqu'au 1er avril 2021 au bas mot : un an d'un temps particulier, au-delà de la maladie.

Mais je préfère vous interpeller, chers collègues de la majorité, sur votre conception du rôle des parlementaires, notamment de ceux de l'opposition. Vous êtes décidément installés dans une tour d'ivoire du haut de laquelle, sans doute, vous dominez la situation. Seulement, comprenez-vous que vous avez besoin aussi des oppositions, de leur regard, de leur compréhension du terrain, de cette unité d'action qui permet, et c'est là l'enjeu, l'acceptabilité de ce que vous demandez à nos concitoyens ? Il vous faut prendre des décisions claires, compréhensibles et applicables, qui font que, ensemble, nous luttons contre la covid-19. Or, par votre attitude, tout semble désordonné, manquer de cohérence. Et ceux qui n'ont pas envie de suivre un certain nombre de consignes s'engouffrent dans la brèche. C'est totalement contre-productif.

Plutôt que de vouloir une chambre d'enregistrement, plutôt que de nous cantonner au rôle de muets du sérail, vous devriez entendre régulièrement ce que nous avons à vous dire pour, ensemble, travailler non pas à une vaine unité nationale mais à la lutte nécessaire contre la covid-19. Pourquoi priver le Parlement d'une clause de revoyure ? Pourquoi priver le Parlement de rendez-vous réguliers au cours desquels nous pourrions débattre, peut-être parfois contester des chiffres, des décisions, certes, et alors ? La belle affaire !

Ce qui nous unit, vous le savez, nous grandit. Eh bien, c'est cette unité face à la maladie que nous devons rechercher, mais pas par les moyens que vous nous proposez, pas par les pleins pouvoirs. Il est important, certes, que vous disposiez des pouvoirs nécessaires, de tous les pouvoirs nécessaires, mais pas de tous les pouvoirs. Plus qu'une nuance, c'est une approche très différente des choses. Voilà pourquoi, ce soir, non pas parce qu'ils seraient irresponsables, mais parce qu'ils veulent un vote démocratique, les députés du groupe Les Républicains ne pourront pas vous apporter leur soutien.

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