Intervention de Vincent Ledoux

Séance en hémicycle du vendredi 6 novembre 2020 à 21h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Cohésion des territoires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Ledoux :

Il est loin et pourtant si proche encore, ce temps où le général de Gaulle, s'étonnant de l'expression « territoire de la région » employée dans le projet référendaire qu'on lui présentait et rétorquait dans une de ses formules issues de son intime et longue fréquentation de notre vieux pays : « Une région n'a pas de territoire, seule la Nation en a un » !

Ce sont pourtant bien les crédits de la mission « Cohésion des territoires » que nous examinons aujourd'hui. Leur but est de réduire toutes les fractures dans et entre nos territoires et de garantir leur solidarité avec le territoire national tout entier. Les maires qui tiennent leurs villes et villages debout au coeur de cette crise sanitaire sévère savent trop combien le besoin de logement est pressant dans notre pays – un logement adapté à toutes les circonstances de la vie. Ils savent combien sont précieuses les aides et incitations à la rénovation énergétique dans un pays où 7 millions de Français vivent mal isolés. Il y a quelques jours, une dame me disait combien sa tante âgée redoutait la perspective de l'hiver qui l'obligeait à choisir entre manger et se chauffer – rendez-vous compte ! Je tiens à saluer l'effort important que le Gouvernement a consenti pour corriger ce terrible constat, notamment grâce au renforcement inédit du dispositif MaPrimeRénov'.

Je pense aussi aux milliers de familles dont les habitations construites sur des sols argileux se dégradent irrémédiablement sous l'effet des aléas récurrents d'un climat déréglé. Sans reconnaissance de leurs communes en état de catastrophe naturelle, elles peinent à obtenir des sociétés d'assurance l'indemnisation nécessaire au financement des indispensables travaux de confortation. Certains ont d'ailleurs tout perdu, les désordres du bâti ayant rendu leur habitat totalement insalubre. Ici encore, les maires sont en première ligne face à des habitants qui n'ont plus que leurs yeux pour pleurer sur les fissures barrant les façades de leurs maisons, fruit de leur labeur et de leur épargne ! Vous avez – je vous en remercie, madame la ministre déléguée – renforcé la prévention et l'éducation aux risques naturels, et veillé à mieux adapter les normes de construction aux aléas climatiques locaux, mais il nous reste à progresser sur certains aspects de l'indemnisation dont le modèle est à bout de souffle : il faut en revoir les critères de toute urgence. C'est une question de solidarité nationale mais aussi de relance, car en facilitant l'indemnisation des sinistres, on donne le feu vert à de nombreux chantiers de confortation et donc à l'emploi local, si précieux en ces temps incertains !

Cette mission englobe aussi la politique de la ville, qui doit permettre de réconcilier des millions de citoyens avec leur lieu de vie. Je peux témoigner de la puissance de frappe de l'ANRU – Agence nationale pour la rénovation urbaine – sur le chantier le plus important au nord de Paris, dans le quartier de la Bourgogne à Tourcoing. On permet ainsi à des centaines de villes comme Tourcoing et Châlons-en-Champagne de se renouveler, de répondre aux défis d'une population jeune qui vit largement sous le seuil de pauvreté et demande des services nouveaux. On améliore le confort et le bien-être de familles dans des logements écologiques et on préserve leur tranquillité. On reconquiert des quartiers entiers, aujourd'hui perdus, et leurs citoyens, tous ceux qui ont le sentiment d'être relégués en périphérie et qui n'ont pas le sentiment de faire ville – et ce faisant de faire nation. En clair, ces actions, c'est de la fierté retrouvée !

D'autre part, de nombreux projets sont largement financés par un outil né dans le nord en 1943, qui s'appelle désormais Action logement. Je vous sais, madame la ministre déléguée, à l'écoute des signaux inquiétants envoyés ces dernières semaines au sujet de la nouvelle ponction de 1,3 milliard d'euros dans le budget de cet organisme qui facilite l'accès au logement et favorise l'emploi, et d'un projet de réforme qui en viderait la substance. Les territoires savent tout ce qu'ils doivent à la qualité de ces acteurs au service du lien emploi-logement, et l'ancien maire que je suis leur en sait gré !

Les crédits de cette mission servent également à financer de nombreux dispositifs destinés à redynamiser les petites et moyennes villes, comme « Action coeur de ville ». La création des maisons France Services permet de rapprocher les services des habitants de tous les territoires et de s'adapter au mieux aux besoins de chacun ; c'est un réel progrès. Nous saluons le renforcement de ces crédits, nécessaires pour faire émerger de nouvelles dynamiques territoriales. Nous savons que ces territoires souffrent de la crise sanitaire et économique et nous saurons agir ensemble à vos côtés pour les soutenir !

La mission affiche donc plusieurs ambitions : une plus grande cohésion dans l'aménagement des territoires, une confiance dans les collectivités territoriales, une réponse sur mesure aux besoins de chaque territoire. Elle fait également de la transition écologique un pivot central. Pour toutes ces raisons, le groupe Agir ensemble votera en faveur de ces crédits !

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