Intervention de Christophe Euzet

Séance en hémicycle du jeudi 4 février 2021 à 9h00
Respect des principes de la république — Après l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Euzet :

J'écoute toujours avec beaucoup d'intérêt les propos tenus par nos collègues Annie Genevard et Éric Ciotti, et il est vrai qu'après mon coeur balance parfois et que j'ai alors beaucoup de mal à déterminer ma position – je pense, par exemple, aux débats d'hier soir. Car je les rejoints sur un point : la nécessité d'apaiser la société, qui en a en effet bien besoin. Mais s'agissant du débat de ce matin, je suis en désaccord avec eux à la fois sur la forme et sur le fond.

Sur la forme, parce que déterminer un espace de service public me paraît déraisonnable d'un point de vue juridique : quand faire commencer et où arrêter l'espace de service public ? Quant à déterminer un niveau vestimentaire hors duquel la personne ne serait pas autorisée à pénétrer dans cet espace me paraît très compliqué, et il ne me semble pas davantage concevable à cet égard un contrôle d'identité pour les mineurs.

J'ai aussi deux désaccords sur le fond. Tout d'abord, je suis vraiment convaincu du danger qu'il y aurait à créer une police vestimentaire au motif de lutter contre celle dont se revendique l'Islam radical car elle aurait alors exactement la même nature et constituerait donc un renoncement aux principes qui nous sont les plus chers. Et puis surtout, je crois que les défenseurs de ces amendements se trompent de cible : ce n'est pas la manifestation extérieure de la religiosité qui importe, mais ce qu'il y a dans l'esprit humain. Et il me semble que les outils les mieux adaptés pour lutter contre une certaine forme d'état d'esprit sont ceux qui combattent la diffusion de la haine, notamment en ligne, et les réseaux financiers qui permettent à des associations de la répandre, et aussi ceux qui luttent contre les comportements agressifs avérés dans l'espace public de la part de personnes qui tirent argument de leur communauté, religieuse ou non, pour exiger un sort particulier de la part du service public.

Sur la forme comme sur le fond, ces amendements ratent leur cible. C'est la raison pour laquelle le groupe Agir ensemble votera contre.

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