Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du jeudi 23 novembre 2017 à 9h30
Renforcement du dialogue social — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Madame la ministre, vous avez cité tout à l'heure les trois piliers de votre politique économique.

Au titre du premier pilier, si j'ai bien saisi, vous avez pris jusqu'à présent des mesures qui permettront d'alimenter le carnet de commandes. Permettez-moi d'en douter : je ne suis pas sûr que le fait de donner 9 milliards d'euros de cadeaux à ceux qui profitent des richesses produites par tout le monde ait cet effet. J'en doute aussi lorsque vous baissez de 15 milliards les dépenses publiques, qui sont l'un des feux les plus importants de l'activité économique.

Vous avez indiqué que le deuxième pilier serait la formation. Nous verrons ce qu'il en sera, mais j'ai l'impression que vous allez en réalité continuer la casse de l'éducation professionnelle, fleuron de l'éducation nationale, au profit du tout-apprentissage.

Votre troisième pilier est, avez-vous dit, la confiance, qui implique, selon vous, la possibilité de s'adapter. Mais convenez que, avec vos ordonnances, il s'agit d'une adaptation unilatérale : c'est le chef d'entreprise qui demande à ses salariés de s'adapter toujours plus. En réalité, l'adaptation dont vous parlez, c'est la possibilité de licencier toujours plus facilement.

À vous entendre, nous avons l'impression qu'une sorte de carcan empêcherait de licencier dans notre pays. Or les licenciements économiques, l'affaiblissement continu de l'inspection du travail, la multiplication des ruptures conventionnelles – il y en a eu 3 millions au cours des dernières années – , le recours sans cesse facilité aux CDD, la fragilisation supplémentaire causée par la loi El Khomri, tout cela montre que les travailleurs de notre pays souffrent aujourd'hui non pas d'un excès de stabilité, mais, au contraire, d'un excès de précarité. Et, contrairement à ce que l'on peut penser, la crainte permanente de perdre son emploi – compte tenu des conditions sociales mais aussi des règles que vous instituez, qui relèvent en réalité de la dérégulation – ne favorise ni la compétitivité ni un travail sérieux.

Vous poursuivez dans la même voie avec l'article 6 : après avoir plafonné les dommages et intérêts et avoir affaibli les syndicats avec les accords d'entreprise, vous proposez notamment de créer un CDI de chantier. Or c'est un oxymore : il ne peut s'agir d'un CDI…

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