Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du mercredi 10 mars 2021 à 15h00
Article 1er de la constitution et préservation de l'environnement — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

L'argument de notre collègue François Ruffin soulève une question qui se trouve au coeur du combat environnemental. Le jour où Greta Thunberg est venue à l'Assemblée nationale apporter la bonne parole que beaucoup d'entre vous s'empressèrent de recueillir, le Parlement français ratifiait le CETA : il détruisait d'une main les engagements qu'il signait de l'autre. En effet, on ne peut pas s'étonner d'émettre du CO2 lorsque l'on fait venir de la viande de l'autre bout du monde. Réduire les émissions de CO2 exige de vivre dans une société moins mobile et pose la question de la souveraineté alimentaire et du localisme.

Heureusement que la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, la loi EGALIM, ne dispose pas que la France garantit le revenu des agriculteurs – ce qui était pourtant son ambition. Beaucoup, y compris dans les rangs de la majorité, reconnaissent que cet objectif n'a pas été atteint : si le Parlement avait édicté une obligation constitutionnelle disposant que la France garantissait aux agriculteurs et aux éleveurs un revenu décent, ceux-ci auraient eu matière à former un recours solide devant les tribunaux.

Monsieur le ministre, vous n'avez pas répondu à la question. Je sais que c'est tout le problème du Parlement : il pose des questions et il attend des réponses. Pourquoi n'avez-vous pas mis sur le même plan juridique la garantie de la protection de la biodiversité, qui comporte une obligation de résultat, et la garantie de faire baisser les émissions de CO2 ?

Je vous le dis les yeux dans les yeux : lutter contre le dérèglement climatique, ce n'est pas garantir une baisse des émissions de CO2. Il ne s'agit pas de se croire à l'Académie française, mais je veux comprendre. Vous allez me dire qu'il s'agit d'une traduction des conclusions de la convention citoyenne, mais comme les membres de la convention auditionnés nous l'ont expliqué, les propositions ont été suggérées par des experts. Ce ne sont pas des citoyens anonymes qui tenaient la plume, mais des experts.

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