Intervention de Pierre Dharréville

Séance en hémicycle du lundi 22 mars 2021 à 21h30
La dette publique : la payer ou l'annuler

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville, GDR :

Voilà quelques mois, vous avez décidé de charger sur les épaules de la sécurité sociale 136 milliards d'euros de dette covid. Ce choix politique pèsera lourd sur la sécurité sociale, alors que les défis qu'elle doit nous permettre de relever s'accroissent. Ce choix pèsera également sur les assurés sociaux. En appelant, comme vous venez de le faire à l'instant, à mettre en oeuvre la réforme des retraites, vous poursuivez cette politique antisociale.

La dette résulte de choix budgétaires qui exonèrent toujours plus le capital. À cet égard, les enjeux budgétaire et monétaire sont liés. Parce qu'elles font le choix de la modération salariale et provoquent un chômage massif, les politiques libérales appliquées depuis des années ont produit de la dette. La sécurité sociale paie le lourd tribut de ces politiques non seulement parce qu'elle prend à sa charge les nombreuses dépenses de chômage qu'elles induisent, mais aussi parce que ses recettes baissent fortement. Bref, la politique en vigueur depuis des années est en partie responsable de la dette que nous affichons.

L'indépendance de la BCE, introduite par le traité de Maastricht, ainsi que la fixation d'un objectif unique de lutte contre l'inflation, qui sert avant tout les intérêts privés des investisseurs, ont causé, si l'on peut dire, des dommages collatéraux sociaux massifs. On ne peut plus laisser la politique monétaire aux mains d'une institution indépendante qui alimente un système bancaire spéculatif et fait écran par rapport aux États. La monnaie est un instrument infiniment politique, qui doit être utilisé de manière démocratique, et non au service du profit. La Banque centrale européenne doit être une institution au service des citoyennes et des citoyens.

D'où ma première question : quand le politique va-t-il reprendre la main sur la politique monétaire ? Quel est votre poids sur la politique monétaire européenne ? Quelle est votre action en la matière ?

Vous dites ne pas vouloir augmenter les impôts, monsieur le ministre – y compris, au passage, pour ceux qui devraient en payer, à savoir les grandes fortunes et les multinationales. Vous le faites pourtant pour le plus grand nombre, en jouant par exemple sur la CRDS. Vous devrez bien, au bout du compte, prendre l'argent du remboursement quelque part. Je n'ai pas été convaincu par les explications que vous venez de donner. Alors, où prévoyez-vous de prendre cet argent ?

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