Intervention de Paul Molac

Séance en hémicycle du mercredi 24 mars 2021 à 15h00
Évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Molac, LT :

Lors de la campagne présidentielle de 2017, le candidat Macron promettait de faire de la santé environnementale une grande priorité du quinquennat. Elle a peut-être été un peu oubliée, mais l'actualité nous rappelle avec une certaine cruauté que la santé des humains et celle de la planète sont intimement liées. Nos capacités à lutter par nous-mêmes contre les maladies, en développant nos défenses immunitaires grâce à une alimentation et un environnement sains, sont les meilleurs moyens de résister aux maladies.

Et si ceux de nos concitoyens affectés de comorbidités ont parfois été les premiers à avoir été fauchés par la maladie, ils restent aujourd'hui menacés. Parmi ces comorbidités, certaines sont d'origine génétique, d'autres sont aggravées par les conditions environnementales. C'est vrai pour des cancers, c'est vrai pour le diabète et parfois, aussi, pour l'obésité.

C'est un cercle vicieux qu'il s'agit d'enrayer. La santé environnementale se trouve à l'intersection de la dégradation de l'environnement et de celle de la santé. Elle met en lumière l'existence d'une réciprocité inévitable entre les deux, nous enjoint de protéger l'une pour préserver l'autre. C'est pourquoi le groupe Libertés et territoires a usé l'an dernier de son droit de tirage pour créer la commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale. Je suis heureux qu'elle ait pu aboutir à la remise d'un rapport fourni et j'espère que ses constats et recommandations permettront de nourrir largement notre réflexion et surtout de stimuler notre action.

La priorité est de soutenir la recherche grâce à des moyens financiers importants, car le champ scientifique de la santé environnementale est encore sous-investi. Surtout, il est marqué par des désaccords importants et des interrogations scientifiques, certes légitimes, mais qui empêchent la mise en place d'outils harmonisés pour une évaluation adaptée des risques.

Le dérèglement climatique, du fait de l'apparition d'épidémies, doit être mieux pris en considération. Je pense aux maladies vectorielles à tiques et à moustiques. Or, si les territoires d'outre-mer sont sévèrement touchés par la dengue, le zika ou le chikungunya, on constate que ces maladies commencent à arriver dans des zones de climat tempéré ou continental. De même, si, auparavant, les tiques qui transmettent la borréliose, la fameuse maladie de Lyme, se trouvaient plutôt en forêt et en montagne, on remarque qu'elles sévissent désormais à la campagne et en zone urbaine sur les pelouses des parcs. L'amélioration de nos connaissances en la matière peut contribuer à celle de la prise en charge des patients. C'est précisément l'objet de la mission d'information présidée par Jeanine Dubié et dont les rapporteurs sont nos collègues Vincent Descoeur et Nicole Trisse.

Enfin, nous souscrivons à l'approche développée dans le rapport de notre collègue Sandrine Josso sur les effets combinés. La santé environnementale ne peut en effet être appréhendée qu'à l'aune du seul niveau ou du seul degré d'exposition. Si j'insiste sur la nécessité d'approfondir ces sujets, c'est que subsiste une incompréhension à propos du nouveau plan cancer présenté en février. Ce plan manque en effet d'ambition pour s'attaquer aux causes liées aux dégradations environnementales. La nouvelle stratégie cible en priorité les cancers liés au tabac et à l'alcool, alors qu'on sait le rôle important de la pollution et de l'état de l'environnement dans l'apparition des cancers.

Nous partageons également la préconisation du rapport qui veut faire de l'échelon national celui autour duquel s'articulent les initiatives locales. Nous avons besoin d'une approche coordonnée : or la coopération des acteurs est aujourd'hui très limitée. La commission d'enquête a parfaitement montré le manque d'articulation entre le plan national santé environnement et les plans régionaux. À l'inverse, le rôle des collectivités territoriales et des professionnels de santé sur le terrain dans l'alerte et la sensibilisation est primordial.

Notre stratégie de prévention et de lutte ne peut être seulement verticale. Ce point est essentiel dans la mesure où les risques environnementaux diffèrent d'un territoire à un autre, en fonction notamment d'activités humaines variables. Seule une approche territoriale concertée et articulée au plan national permettra, comme le répète à l'envi Sandrine Josso, de faire de la santé environnementale une priorité du XXIe siècle.

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