Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du jeudi 25 mars 2021 à 9h00
Musées d'orsay et de l'orangerie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Pourtant, les réformes qu'il a menées ont laissé un legs riche, souvent méconnu – les orateurs qui se succéderont à cette tribune le diront aussi. Pour ma part, je veux insister sur l'esprit d'ouverture et de modernité qu'il a insufflé. Lors de son unique mandat, d'indéniables avancées sociales et sociétales ont été accomplies ; il a ouvert la voie à des combats qu'il reste aujourd'hui encore à achever.

Comment ne pas songer à l'Europe, qui fut certainement le combat de sa vie ? Dès son entrée en politique, il a soutenu la construction de l'Union européenne et jusqu'à la fin de ses jours, il milita pour une Europe unie, forte, fédérale. Sa complicité avec le chancelier allemand Helmut Schmidt a permis de faire perdurer le couple franco-allemand comme moteur de l'intégration européenne et d'impulser notamment le système monétaire européen, ancêtre de l'euro. L'action de Valéry Giscard d'Estaing a surtout permis de renforcer les institutions communautaires, avec la création du Conseil européen et l'élection du Parlement européen au suffrage universel direct.

Un autre de ses engagements forts aura été celui en faveur des droits des femmes. Dès son arrivée à l'Élysée, il nomme cinq femmes au Gouvernement, dont Simone Veil, qu'il a toujours soutenue dans ses combats. Il a également créé un secrétariat d'État à la condition féminine, confié à Françoise Giroud. Son septennat a vu l'accomplissement de plusieurs réformes majeures : le divorce par consentement mutuel, le remboursement de la pilule par la sécurité sociale, ou encore la reconnaissance de la nature criminelle du viol, en 1980. Célébrons également sa confiance dans la jeunesse, et son engagement en faveur de celle-ci. Nous lui devons l'abaissement de la majorité à 18 ans – certains le rappelleront. Il a également été le premier président à se mobiliser pour l'emploi des jeunes, que la dégradation de l'économie française sous l'effet du premier choc pétrolier avait touchés en premier. Comment ne pas établir un parallèle avec la situation que la jeunesse traverse aujourd'hui ?

Enfin, un autre de ses combats, moins connu, est celui des territoires. On pense évidemment à l'Auvergne, à Chamalières, son fief où lui a succédé son fils, mon ami Louis, que je salue aujourd'hui. Grand spécialiste des finances, c'est par cet angle qu'il a ouvert la voie aux futures lois de décentralisation. Nous lui devons la dotation globale de fonctionnement, qui permet de garantir les ressources des collectivités, ainsi que le comité des finances locales et le principe d'autonomie fiscale et financière des collectivités, si mis à mal. S'il n'a pu aller au bout de son plan de développement des responsabilités locales, il a posé des jalons qui seront suivis par d'autres. Valéry Giscard d'Estaing, c'était la France des territoires.

Enfin, pour revenir à l'objet de cette proposition de résolution, il faut nous pencher sur la place accordée aux arts et à la culture pendant le septennat et plus généralement dans la vie de Valéry Giscard d'Estaing. Homme de lettres et de culture, il mène une politique de patrimoine qui consiste notamment à réhabiliter plusieurs grands bâtiments : le musée Picasso, le musée national de la Renaissance d'Écouen. Citons également le lancement de la Cité des sciences et de l'industrie à la Villette, un outil pédagogique et une vitrine de la France qui innove. Mais le plus important de ses projets, le plus emblématique, restera sans aucun doute la transformation en musée de l'ancienne gare d'Orsay, gare d'apparat construite pour l'Exposition universelle de 1900. Prouesse architecturale, elle mêle parfaitement son goût pour la modernité et sa volonté de faire découvrir au grand public les productions artistiques du XIXe siècle – peinture, sculpture, mais aussi musique ou littérature. Y associer le nom de Valéry Giscard d'Estaing serait une juste reconnaissance de la part de la France et des Français, un début de réhabilitation pour un homme d'État qui avait placé la modernité au coeur de son engagement politique et de son mandat présidentiel. Ce sera aussi un ultime clin d'oeil à l'histoire, le musée d'Orsay se trouvant à quelques encablures du musée du Quai Branly - Jacques Chirac.

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