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Delphine Bagarry
Question N° 6299 au Ministère de l'éducation nationale


Question soumise le 13 mars 2018

Mme Delphine Bagarry interroge M. le ministre de l'éducation nationale sur le sujet de l'éducation des jeunes aux problématiques touchant au conflit israélo-palestinien. En effet, sujet complexe et sensible s’il en est, la situation du Proche-Orient a des répercussions importantes dans le territoire français et plus encore dans les zones où des populations peuvent être liées, d'une façon ou d'une autre à ce conflit. De nombreuses associations qui défendent, comme la France, la solution des deux États s'inquiètent de leurs lourds retentissements dans la mentalité des jeunes: rejet de l'autre, racisme ou antisémitisme d'autant plus que la complexité et les sensibilités que suscitent ce conflit peut conduire à une lecture univoque de cette situation. D'un côté ou de l'autre, il y a une confusion des termes qui emmène les antagonismes de là-bas à venir s'installer ici en mettant à mal la communauté nationale : les termes arabe, musulman, maghrébin, islamisme sont parfois confondus comme il en va de même pour sémitisme, sionisme, israélite ou juif. Elle lui demande donc quelles sont les actions menées par l'éducation nationale, qui est une école du vivre ensemble, pour que les enfants puissent être sensibilisés dans un cadre neutre sur ces sujets afin qu'ils puissent disposer d'éléments clairs et sans équivoque sur le conflit israélo-palestinien.

Réponse émise le 4 décembre 2018

L'éducation aux grands débats contemporains s'inscrit dans une réflexion cohérente menée tout au long de la scolarité de l'élève. Elle est au cœur des objectifs du domaine 5 du socle commun de connaissances, de compétences et de culture « Les représentations du monde et l'activité humaine » qui « implique une réflexion sur soi et sur les autres, une ouverture à l'altérité, et contribue à la construction de la citoyenneté, en permettant à l'élève d'aborder de façon éclairée de grands débats du monde contemporain ». Elle participe par ailleurs à la « formation de la personne et du citoyen », troisième domaine du socle commun. La sensibilisation aux principaux enjeux du conflit israélo-palestinien se situe au croisement de ces deux domaines. Elle concerne l'ensemble de la communauté éducative et s'appuie tout particulièrement sur la mise en œuvre des programmes d'histoire, de géographie et d'enseignement moral et civique. Dès le cycle 4, en classe de 3e, les élèves sont amenés à s'interroger, dans le cadre du deuxième thème du programme d'histoire intitulé « Le monde depuis 1945 », sur « la nature des rivalités et des conflits dans le monde contemporain ». Cette réflexion est menée « à partir de l'étude d'un cas » choisi par l'enseignant. Au lycée, l'étude du conflit israélo-palestinien, qui peut donner lieu à des développements en classe de première dans l'analyse de la fin de la Seconde guerre mondiale et de la naissance de l'ONU, est surtout menée en classe terminale. Les élèves des séries générales étudient ainsi une question intitulée « Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première guerre mondiale » tandis que les élèves des séries technologiques abordent les problématiques liées à ce conflit dans le cadre de l'étude des relations internationales contemporaines. En série sciences et technologies du management et de la gestion (STMG), un sujet d'étude sur « Le Moyen-Orient et le pétrole » est proposé.  Les problématiques liées au racisme, à l'antisémitisme et aux discriminations religieuses sont par ailleurs traitées dans les programmes d'enseignement moral et civique dès le cycle 3 (classes de CM1, CM2 et 6e), où les élèves sont sensibilisés au « respect des autres dans leur diversité » et à la « diversité des cultures et des religions ». Au cycle 4 (classes de 5e, 4e et 3e), les « problèmes de la paix et de la guerre dans le monde » sont abordés et le travail sur les discriminations (antisémitisme, racisme, xénophobie…) se poursuit. En classe de seconde, dans le cadre du thème « Égalité et discrimination », les indications de mise en œuvre du programme incitent les enseignants à mener des débats sur « la définition de ce qui est discriminatoire ; la distinction de ce qui est simplement discriminant de ce qui est discriminatoire ou attentatoire à la dignité humaine ; et sur les moyens autres que juridiques de combattre les discriminations » en s'appuyant notamment « sur des faits observés dans le lycée ou l'environnement social [des élèves] ». À partir de la rentrée 2019, dans le cadre de la réforme du baccalauréat, de nouveaux programmes d'enseignement, élaborés par le Conseil supérieur des programmes (CSP), entreront en vigueur. Ils auront pour ambition de contribuer à la formation intellectuelle et civique des élèves et de leur donner les clefs pour comprendre le monde dans lequel ils vivent. La création d'un nouvel enseignement de spécialité, intitulé « Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques », s'appuiera sur l'approfondissement, dans une perspective pluridisciplinaire, d'objets d'étude communs à ces différents champs d'apprentissage, et permettra aux élèves de se former à des raisonnements rigoureux et d'exercer leur esprit critique.

2 commentaires :

Le 04/05/2018 à 08:34, Laïc1 a dit :

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"Elle lui demande donc quelles sont les actions menées par l'éducation nationale, qui est une école du vivre ensemble, pour que les enfants puissent être sensibilisés dans un cadre neutre sur ces sujets afin qu'ils puissent disposer d'éléments clairs et sans équivoque sur le conflit israélo-palestinien."

C'est un embrouillamini pas possible jusque pour les adultes les plus confirmés et documentés sur ce sujet, alors comment voulez-vous que les enfants puissent avoir des bases "neutres" par lesquelles ils se détermineront en "âme et conscience" sur un tel sujet ?

Le mieux est de ne pas en parler en cours, et de veiller simplement au principe fondamental de non discrimination entre les élèves. Rappelons également que faire de la politique à l'école est interdit par la loi, et qu'en parlant d'un tel sujet les enfants seront amenés à parler de politique.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Le 19/02/2019 à 20:25, Laïc1 a dit :

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"La création d'un nouvel enseignement de spécialité, intitulé « Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques », s'appuiera sur l'approfondissement, dans une perspective pluridisciplinaire, d'objets d'étude communs à ces différents champs d'apprentissage, et permettra aux élèves de se former à des raisonnements rigoureux et d'exercer leur esprit critique."

Donc les élèves pourront faire de la politique dans ce "sanctuaire" apolitique que sont les établissements scolaires de la République.... Adorateurs de la logique, passez votre chemin, ce n'est pas au lycée que vous la trouverez.

Quant à exercer leur esprit critique, si un élève a l'outrecuidance de critiquer le sionisme, ce qui est pourtant son droit si on lit la réponse à la question, ne risquera-t-il pas l'exclusion du lycée ? On est inquiet pour l'éducation de notre jeunesse, élevée dans l'omerta et la censure haineuse du pouvoir, où toute critique de l'Etat d'Israël et du sionisme est assimilée à de l'antisémitisme pur et simple, ce qui est faux, puisque l'antisémitisme est fondé sur le rejet d'un peuple en tant que tel, tandis que l'anti-sionisme est le refus d'une démarche politique, qui peut être aussi bien soutenue par des juifs que par des non juifs. De nombreux juifs intégrationnistes étaient d'ailleurs, dans le temps, anti-sionistes, avant que le pouvoir corrompu ne fourre son nez dans cette affaire, et ne tente d'imposer son idéologie sectaire, partisane et faussement culpabilisante. Donc l'un et l'autre (antisémitisme et anti-sionisme) n'ont rien à voir, et le pouvoir et son allié les médias montrent toute l'étendue de leur malhonnêteté intellectuelle en faisant l'amalgame entre les deux. On peut aussi constater que de nombreux antisémites sont favorables au sionisme, dans la mesure où ils voient dans cette idéologie politique un moyen de ne plus voir de juifs en Europe, et d'assouvir ainsi leur antisémitisme.

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