Intervention de Rima Abdul-Malak

Réunion du mardi 12 juillet 2022 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Rima Abdul-Malak, ministre :

Nous avons pour souci constant de préserver notre maillage territorial de salles de cinéma, unique au monde avec un écran pour 10 000 habitants. Grâce au filet de sécurité très serré de mesures transversales et spécifiques appliquées pendant la crise sanitaire, aucun cinéma n'a mis la clé sous la porte en raison de la pandémie, et toute la chaîne du cinéma – distributeurs, producteurs, exploitants de salles – a bénéficié du plan de relance. Effectivement, la fréquentation des salles de cinéma n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant la crise ; la baisse est de 25 % en moyenne. Mais il y a des raisons d'espérer. D'une part, les jeunes, par le biais du pass culture, vont de plus en plus au cinéma et les courbes remontent : le pass a déjà permis l'achat de deux millions de places de cinéma. D'autre part, on a comptabilisé 3 millions d'entrées pendant la Fête du cinéma, soit 4 % de plus qu'avant la crise, avec un film français dans les cinq films les plus vus : Les Irréductibles ont attiré 300 000 spectateurs en quatre jours. Voilà donc quelques signaux encourageants. Je me suis engagée à accompagner les exploitants de salles de cinéma, et nous travaillons avec leur Fédération à une campagne de communication en octobre. Nous examinerons semaine après semaine l'évolution de la fréquentation et travaillerons avec l'ensemble du secteur à faire retrouver à tous le plaisir du cinéma en salle et l'émotion des films sur grand écran.

L'examen du projet de loi relatif aux restitutions d'œuvres spoliées a été mené avec beaucoup de doigté par Mme Colboc, votre rapporteure, et par tous les parlementaires qui se sont impliqués. C'est à l'honneur de la France. Nous allons engager l'élaboration d'une loi-cadre avec le concours de la mission de Jean-Luc Martinez, ambassadeur chargé de la coopération internationale dans le domaine du patrimoine, qui travaille avec nos partenaires africains et européens pour évaluer au plus près quels pourraient être les critères de « restituabilité », pour mesurer dans quels cas de coopération on pourrait déroger à l'inaliénabilité de nos collections. Les restitutions ne sont pas une fin en soi mais un élément d'une coopération globale avec un pays et ses acteurs culturels ; les parlementaires seront largement associés à ces réflexions. La spoliation des biens des familles juives est évidemment une question différente. La France travaille sur ce sujet très important depuis plus de trente ans et nous sommes mûrs pour présenter une loi. Il convient d'apprécier comment insérer un tel texte dans le calendrier parlementaire, mais j'y tiens beaucoup.

En évoquant la tenue d'états généraux du droit à l'information, j'ai souligné les questions que soulève la concentration des media. Je ne peux embrasser dans sa totalité un sujet aussi complexe en une minute, mais la question sera débattue dans ce cadre, et j'ai émis l'hypothèse d'une potentielle évolution législative à l'issue des états généraux. Il vous appartiendra, bien sûr, d'y travailler avec nous. Il n'y a rien de tabou à vouloir faire évoluer la loi de 1986 pour définir comment protéger le droit à l'information et le pluralisme des media des dérives qui pourraient résulter de concentrations.

J'ai évoqué l'organisation et la gouvernance de l'audiovisuel public dans des interviews et au Sénat. Je suis attachée à une certaine méthode, dans laquelle on commence par échanger sur les missions prioritaires, dont j'ai exposé ce qu'elles sont pour le Gouvernement : la jeunesse, la création, la vie locale avec les médias de proximité comme le permet le rapprochement entre France 3 et France Bleu, et aussi la stratégie numérique.

Sur tous ces points, une réflexion de fond doit être menée avec les entreprises de l'audiovisuel public. Je sais que vous allez les recevoir et je ne doute pas que vous aurez des réponses assez riches pour alimenter vos réflexions. Les synergies peuvent-elles se renforcer sans passer par un changement radical de gouvernance ? Peut-on envisager la création de groupements d'intérêt économique (GIE) ou d'autres formes de coopération en rapprochant les entreprises en fonction d'axes précis ? Faut-il privilégier le projet de holding proposé dans le précédent projet de loi audiovisuelle avant que la crise sanitaire nous oblige à le reconsidérer ? Faut-il aller directement vers une fusion, proposition qui est celle des sénateurs et qui est dans le débat public depuis plusieurs années ? Ces questions ne peuvent être tranchées en quelques instants avant un débat de fond sur les missions, les priorités et les périmètres des missions de l'audiovisuel public et sur les synergies possibles.

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