Intervention de Yannick Neuder

Réunion du mercredi 16 novembre 2022 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Neuder :

Madame la présidente, vous êtes dans votre bon droit et il ne m'appartient aucunement de contester votre décision, mais cette dernière suscite tout de même une interrogation de fond. En effet, dans le débat que nous allons engager sur la proposition de loi de Mme Fiat, notre groupe Les Républicains proposait d'aller plus loin et avait déposé des amendements tendant à supprimer l'obligation des tests auxquels les soignants devraient se soumettre en vue de leur réintégration.

Je souhaiterais savoir ce qui se cache derrière votre explication. En effet, l'irrecevabilité d'un amendement se fonde sur le fait que celui-ci créerait une charge ; or le dispositif proposé, qui supprime les tests, ne donne précisément pas lieu à la création de charges. Positifs ou négatifs aux tests, les soignants concernés appartiennent bien à des structures dans lesquelles leur poste est budgété – hôpitaux, Ehpad ou centres pour handicapés. S'opposer à leur réintégration sans tests revient donc – ce qui est inquiétant en un temps où nous manquons fortement de soignants dans toutes ces structures – à faire de l'économie budgétaire en contribuant au remboursement des déficits.

Face à la crise de la covid-19, nous désirons tous accompagner les soignants, maintenir les gestes barrières et favoriser les nouveaux rappels de vaccination. Nous ignorons si l'épidémie de bronchiolite qui se développe actuellement et dont nous ne connaissons pas l'étiologie recouvre des cas de covid chez des bébés qui n'ont pas encore été confrontés à ce virus, ou s'il s'agit d'un virus respiratoire qui profite d'un trou immunologique. En tout état de cause, nous avons besoin de soignants et je ne comprends pas le motif sur lequel se fonde l'irrecevabilité des amendements.

Si votre refus de réintégrer des soignants dans les hôpitaux répond à des raisons économiques, il faut l'assumer clairement. Nous avons besoin d'expertise médicale ou paramédicale et ne devrions pas nous priver de personnels qui, bien qu'ils ne soient pas vaccinés, pourraient effectuer des travaux de décharge sous forme, par exemple, de coordination ou de prise de rendez-vous. Ces personnels représentent certes un pourcentage négligeable sur la masse des soignants, et nous n'allons pas contredire ni travestir les chiffres, mais s'ils comptent pour l'épaisseur du trait dans de gros centres hospitaliers, ce n'est pas le cas dans des Ehpad, où l'absence de la seule infirmière de coordination peut provoquer d'importants préjudices, qu'il conviendrait de mesurer.

Madame la présidente, votre décision m'étonne, car nous avons jusqu'à présent bien travaillé avec vous. Vous auriez pu nous aider et je ne voudrais pas qu'en déclarant cette irrecevabilité vous soyez complice des économies qui se font sur le dos des soignants.

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