Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du mercredi 30 novembre 2022 à 15h00
Agression de l'azerbaïdjan à l'encontre de l'arménie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

En septembre dernier, alors que nos yeux étaient rivés depuis plusieurs mois sur l'Ukraine, de nouveaux incidents meurtriers ont touché un autre pays à la frontière de l'Europe. Personne ne peut être indifférent au drame qui frappe l'Arménie : déjà des centaines de soldats morts au combat, déjà des milliers de civils déplacés et des citoyens qui vivent dans la peur.

Le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires rejoint donc pleinement les objectifs de la présente proposition de résolution qui s'attache à la recherche d'une paix durable. Je tiens à témoigner tout mon soutien face aux nouvelles souffrances auxquelles doit faire face le peuple arménien – un peuple déjà malmené par l'histoire. Victime d'un génocide, que la communauté internationale a trop tardé à reconnaître, il est depuis une trentaine d'années sous le coup d'un conflit territorial qui touche la région montagneuse du Haut-Karabakh. Les combats avec l'Azerbaïdjan se cristallisent à nouveau, comme en 2020, faisant alors plus de 6 500 morts. Il est de notre devoir de les arrêter sous peine de revenir deux ans en arrière.

Voilà le bilan depuis septembre dernier : trois mois et déjà 105 soldats arméniens morts au combat ; trois mois et déjà 7 500 déplacés pour fuir les attaques. Les civils sont de plus en plus menacés. Jusqu'où faudra-t-il aller avant une véritable réponse européenne et internationale ?

Face aux manquements de la Russie à mettre en œuvre ses engagements de garante du cessez-le-feu et face au soutien actif de la Turquie à l'Azerbaïdjan, notre groupe est convaincu que seule une action des pays européens pourra aboutir à une solution pacifique. Si nous devons appeler de nos vœux les deux pays à revenir à la table des négociations, il est indéniable que l'Azerbaïdjan porte seul la responsabilité de ce regain de violences. L'Azerbaïdjan continue de défendre la thèse de représailles contre de supposées provocations arméniennes, ce qui nous paraît infondé. La vérité est qu'aucune véritable attaque armée n'a été lancée par l'Arménie.

Ce qui se joue en Arménie n'est pas simplement un différend entre deux gouvernements, c'est avant tout un drame humain. Dans l'est arménien, les habitants accrochés à leurs montagnes sont contraints de vivre sous la menace constante de l'Azerbaïdjan. Ils craignent de se voir déposséder de leurs terres, de leur culture, de leur identité. C'est en fait leur existence même qui est menacée.

Face à cette dérive, le groupe LIOT soutient les démarches entamées par les Nations unies, à l'initiative de la France. Les équipes des pays de l'ONU en Arménie sont en contact permanent avec les autorités locales et se tiennent prêtes à répondre aux besoins humanitaires urgents.

Pour trouver une solution, la France a un rôle essentiel à jouer. Le lien privilégié qui unit la France à l'Arménie nous honore autant qu'il nous oblige. Le premier ministre de l'Arménie insiste lui-même pour que le Président de la République soit présent à la table des négociations. Cette marque de confiance doit nous conduire à œuvrer diplomatiquement pour défendre le peuple arménien. Il faudra que cette influence française soit relayée à l'échelle européenne et à l'échelle internationale. Sur ce point, notre groupe rejoint donc pleinement les intentions de cette résolution, afin de faire pression sur l'Azerbaïdjan, quitte à aller jusqu'à des sanctions économiques individuelles.

Nos collègues du Sénat ont eux-mêmes adopté il y a quelques semaines une résolution pour favoriser toute initiative visant à rétablir la paix. La diplomatie doit désormais activer tous les leviers à sa disposition : exhorter le pays agresseur à respecter ses obligations et à revenir au cessez-le-feu du 9 novembre 2020, exhorter à un retour des deux pays à la table des négociations et assurer une aide humanitaire à la hauteur des enjeux. Seule cette voie nous permettra d'espérer un règlement pacifique de la situation.

Chers collègues, je le dis ici avec beaucoup de gravité, le peuple arménien a souffert à bien des reprises de tels drames et a dû consentir à de nombreux sacrifices : aussi nous appartient-il désormais de lui apporter notre soutien.

Les mois à venir seront déterminants et je préfère croire que nous sommes non pas au commencement d'un nouveau flot de violences mais plutôt au début d'un long chemin, tortueux certes, mais devant nous conduire à la réconciliation. La guerre ne résout rien, elle n'est que la défaite de la diplomatie et de l'humanité. Avec ces conflits nous avons tout à perdre et rien à gagner. Notre groupe votera donc ce texte.

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