Intervention de Aurélien Taché

Réunion du mardi 12 juillet 2022 à 19h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAurélien Taché :

S'il a été le choix des électeurs britanniques, le Brexit a représenté une tragédie pour l'Europe, dont les Anglais paient aujourd'hui le prix fort. Si je partage votre espoir que sa gestion future soit simplifiée par le départ de son principal artisan, Boris Johnson, il en faudra davantage pour rebâtir une relation de confiance entre nos deux pays. Certaines déclarations du Président de la République, qui ont malencontreusement été publiées dans la presse, ont pu nuire à cette relation, pourtant absolument nécessaire. Il est évident qu'elle ne doit en aucun cas se fonder au détriment de l'Union européenne. Quel que soit le successeur de Boris Johnson, il y a en effet fort à parier qu'il soit tout aussi eurosceptique. Cependant, l'absence de coopération bilatérale forte nuit à nos deux nations, notamment dans les domaines de la sécurité européenne, où nos visions convergent, ou de la pêche, où elles divergent un peu plus. Les accords bilatéraux pour une coopération accrue sur le Sahel ou sur la pêche sont ainsi souhaitables. Croyez-vous à l'importance de ces accords ? Font-ils partie de vos priorités ? Comment réinventer l'entente cordiale ?

Je souhaiterais aussi vous entendre davantage sur la question du gaz russe et de l'énergie d'une manière générale. Combien de temps allons-nous encore financer la guerre russe en Ukraine en payant le gaz russe toujours plus cher ? Allons-nous, en plus de nous déshonorer ainsi, attendre l'humiliation d'un embargo décidé par Vladimir Poutine lui-même ? À quelles autres solutions sérieuses travaillez-vous ? Depuis 2014, la dépendance au gaz russe s'est accrue de manière catastrophique, passant de 33 % à 38 %. Il n'est pour nous pas question de le remplacer par le gaz de schiste américain, dont l'empreinte carbone est beaucoup plus élevée. Or, c'est pourtant ce que vous semblez nous proposer en favorisant la construction d'un nouveau terminal méthanier flottant au Havre. Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ?

Il est temps de bâtir une nouvelle diplomatie de l'énergie respectueuse des peuples et de la planète. Quand la spéculation fait aujourd'hui exploser les prix et craindre une crise alimentaire grave, notamment au Maghreb, ne pouvons-nous pas, alors que ces pays peuvent nous fournir en pétrole et en gaz, et que nous vendons 70 % de notre blé aux Algériens, miser sur un accord gagnant-gagnant ? Jean-Luc Mélenchon avait proposé pendant l'élection présidentielle un système de céréales à prix bloqué contre de l'énergie à prix bloqué. Nous avancerions ainsi vers une diplomatie méditerranéenne de l'alimentation et de l'énergie que le passé comme l'avenir exigent et retrouverions une indépendance vis-à-vis des empires russe et américain. Que pensez-vous de cette voie ? Quelles actions concrètes envisageriez-vous avec ces pays, notamment avec l'Algérie ?

Ma dernière question sera plus personnelle. À l'occasion de votre prise de fonctions, la presse a révélé que la cellule anti-harcèlement du Quai d'Orsay avait par le passé été saisie de signalements vous visant directement dans vos fonctions précédentes. Selon le même journal, le fonctionnaire responsable de cette cellule vient d'être muté aux Caraïbes. Alors que vous vous apprêtez à conduire une réforme importante du corps des diplomates, pourriez-vous nous expliquer cette situation ?

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