Intervention de Hadrien Clouet

Séance en hémicycle du mercredi 20 juillet 2022 à 15h00
Mesures d'urgence pour la protection du pouvoir d'achat — Après l'article 4

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHadrien Clouet :

Nous n'avons pas réussi à vous convaincre de l'intérêt d'une indexation générale des salaires sur les prix ; aussi nous efforçons-nous d'évoquer des situations plus particulières, qui pourront – je l'espère – retenir l'attention des autres groupes, et peut-être recueillir leur approbation.

Je souhaiterais ainsi évoquer la situation particulière des travailleuses et des travailleurs de la logistique, car ce secteur du monde du travail est en première ligne dans la crise inflationniste dont nous parlons. Il s'agit des personnes qui transportent, embarquent et débarquent l'ensemble des marchandises dont l'accumulation générale, dans les chaînes de valeur internationales, se répercute en inflation durable, contribuant finalement à amputer le pouvoir d'achat du reste de la population.

En France, 800 000 ouvrières et ouvriers appartiennent à ce secteur. C'est là que se trouve désormais le prolétariat, nous semble-t-il, c'est-à-dire les individus qui, s'ils cessaient de travailler, provoqueraient l'effondrement de l'édifice social dans son ensemble – ce sont eux qui emballent et livrent les marchandises, et produisent les différents services et biens dont nous avons besoin pour survivre.

Ces personnes qui travaillent dans la logistique sont soumises à un ensemble de contraintes – voire de dangers – spécifiques : les métiers en question sont très physiques – il faut parfois porter, en cumulé, jusqu'à 8 ou 10 tonnes par jour –, les accidents du travail y sont beaucoup plus nombreux qu'ailleurs et les maladies y sont récurrentes – je pense notamment aux lombalgies, qui frappent nombre de travailleuses et de travailleurs du secteur. Leur force de travail est en outre soumise à des modalités de contrôle tout à fait inédites. Je songe à la commande vocale : de plus en plus de personnes travaillent munies d'un casque qui les isole de leurs collègues ; elles doivent ainsi répondre à des commandes qui les empêchent d'anticiper les différentes tâches qu'elles auront à mener dans l'heure qui suit, par exemple s'agissant du montage d'une palette.

Ces personnes se retrouvent donc régulièrement en situation de souffrance physique, mentale et morale, et il nous semble à tout le moins justifié, au vu de ces différentes formes de souffrances et des risques qui y sont associés, d'indexer leurs salaires sur l'inflation, afin qu'elles puissent au moins acheter les produits qu'on les contraint à transporter.

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