Intervention de Patrick Pouyanné

Réunion du mercredi 23 novembre 2022 à 13h45
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Patrick Pouyanné, président-directeur général de TotalEnergies :

L'État français a détenu jusqu'à 35 % de la société dans les années avant la guerre et jusque dans les années 1970. Ses participations ont pris fin lors de la fusion de Total et Elf en 2000. La Commission européenne a émis comme seule condition à cette fusion la fin de la golden share que détenait alors l'État.

La nationalité d'une entreprise s'exprime par l'emplacement de son siège et par sa soumission aux lois françaises. Nous sommes une société européenne de droit français. Notre management est français pour une grande partie. Environ 10 % de nos investissements annuels sont ciblés en France, ce qui représente une partie importante au regard du poids de la France dans le portefeuille énergétique mondial. Ces dernières années, nos investissements en France ont même augmenté, en raison de notre intérêt croissant pour les énergies décarbonées. Lorsque nous avons décidé d'investir dans l'électricité, nous avons d'abord souhaité développer cette activité en France avant de nous tourner vers le marché international. De la même manière, nous avons commencé à investir dans le biométhane en rachetant une société française avant de développer ces compétences à l'extérieur.

S'agissant des arbitrages, si nous produisons des énergies partout dans le monde, notre société a historiquement développé un portefeuille de clients européens. Nos flux de production se dirigent donc vers l'alimentation de nos raffineries, nos terminaux de regazéification et nos clients européens et français. Il est toutefois clair que nos arbitrages peuvent reposer sur des bases économiques. En 2021, nous devancions l'ensemble de nos concurrents sur le GNL, puisque nous en avons exporté 11 millions de tonnes des États-Unis. Le GNL peut être exporté vers l'Asie ou vers l'Europe. L'arbitrage est à la fois économique — il dépend des prix les plus avantageux —, mais il peut aussi reposer sur d'autres dimensions. Ainsi, les terminaux de regazéification européens affichaient un taux de remplissage de 40 à 50 %. Nous avons fait le choix de les remplir à 95 %, en considérant que notre priorité était d'approvisionner l'Europe en GNL. Les contrats que nous avons avec nos clients peuvent donc influencer nos arbitrages.

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