Intervention de Ersilia Soudais

Réunion du mercredi 7 décembre 2022 à 18h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaErsilia Soudais :

Nous nous inquiétons de l'affaiblissement de notre diplomatie, révélé par la situation de notre compatriote Salah Hamouri, détenu par Israël depuis le 7 mars, sans charge ni procès. Malgré quelques déclarations somme toute assez timides, le Gouvernement français et la représentation diplomatique se sont contentés d'un rôle passif, de visite consulaire en visite consulaire, sans obtenir de réelle avancée dans ce dossier, ni mettre fin à un harcèlement qui dure depuis plus de vingt ans.

La diplomatie française ne hausse pas le ton face à Israël parce que, nous a-t-on répondu, ce serait contre-productif : Israël risquerait de se braquer et d'expulser Salah Hamouri, l'empêchant à jamais de revenir à Jérusalem Est, sa terre natale. On ne peut pas dire que votre choix tactique a été le bon, puisqu'Israël a quand même décidé de procéder à cette expulsion. Comble de la honte, notre consul s'est vu refuser l'accès à l'audience de Salah Hamouri, au mépris du droit consulaire. Est-ce votre coopération militaire avec Israël – l'exercice Eastern Breeze s'est achevé hier – qui vous empêche de faire preuve de courage ? Si Israël persiste dans cette voie, délivrerez-vous un laissez-passer consulaire ou défendrez-vous les droits de notre compatriote ? Prendrez-vous enfin des sanctions à l'encontre d'Israël ?

Avez-vous seulement entrepris des démarches pour obtenir le soutien de l'Europe ? La déportation de Salah Hamouri constituerait un crime de guerre, au regard du droit international. Votre courage dépend-il de l'opinion et de l'intérêt des États-Unis ? Face à l'Iran et à la Russie, vous trembliez moins, vous parliez plus clairement. Pourtant, comme la Russie, Israël annexe et colonise des territoires qui ne sont pas les siens. Et, comme l'Iran, Israël bafoue les droits humains élémentaires. Ce « deux poids, deux mesures » est insupportable.

Au Nicaragua, deux de nos compatriotes, deux femmes, sont également retenues en prison, jugées pour complot par un État dictatorial. Là-bas aussi, vous demandez leur libération, mais à voix basse, par crainte de l'expulsion de notre ambassadeur.

Nous sommes la France et nous méritons le respect. Nous n'avons pas à avoir peur de défendre nos compatriotes, où qu'ils soient à travers le monde. Allez-vous enfin apprendre de vos erreurs ? Qu'attend le président de la République pour s'exprimer publiquement sur la situation de Salah Hamouri et faire respecter la position de la France ?

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