Intervention de Pr Brigitte Autran

Réunion du mardi 6 décembre 2022 à 17h15
Commission des affaires sociales

Pr Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) :

Vous m'avez interrogée sur la composition du Covars et sa capacité à rétablir la confiance de la société dans la parole scientifique et médicale. Ces préoccupations nous ont conduits à choisir et coopter des membres qui bénéficient d'une réputation d'intégrité scientifique, médicale et personnelle irréprochable. Il s'agissait d'un élément central pour nous. Nous pensons qu'il faut effectivement rétablir la confiance de la société dans la science par une parole collégiale qui tient compte de la société. C'est la raison pour laquelle deux des seize membres du comité sont des spécialistes de sciences humaines et sociales, ce qui n'est pas peu. Outre ces spécialistes, nous comptons également une représentante des citoyens et deux représentants d'associations de patients. La parole de la société est donc défendue par trois membres du Covars. Cet aspect sociétal est fortement présent dans la composition du comité, et nous permet d'élaborer de manière collégiale nos avis, qui ne sont pas strictement fondés sur une science académique, mais également sur une science perçue par la société.

L'autre manière de rétablir la confiance repose sur le type de recommandations que nous émettons. Vous avez sans doute constaté que nos avis respectent toujours la nécessité d'une communication transparente, claire et informative, qui permet à la société de s'emparer de la santé comme de son bien propre, ainsi que des moyens de lutte contre les maladies. Cet ensemble n'apportera pas d'effet magique, mais il devrait contribuer à rétablir la confiance.

La question de la confiance de la société dans la parole scientifique revêt une importance particulière dans les territoires d'outre-mer. Notre comité compte un médecin urgentiste qui travaille à la Guadeloupe, et qui représente les enjeux liés à l'outre-mer. Par ailleurs, MM. Lefrançois et Fontenille bénéficient d'une longue expérience dans les territoires d'outre-mer et nous apportent une connaissance de terrain approfondie des problématiques, afin que nous y répondions au mieux.

S'agissant du covid, nous avons répondu dans un avis du 22 octobre à la situation qui correspondait à cette époque à une vague modérée. Nous avons décidé de nous autosaisir à nouveau de cette question, et en avons par principe averti les ministres. Il est vrai que la circulation virale reprend, de façon concomitante avec celles de la bronchiolite et de la grippe. Nous avons estimé, en accord avec les ministres, qu'il fallait considérer la covid dans la globalité de ces trois infections respiratoires. Notre réponse à la covid s'inscrit donc dans ce contexte de triple épidémie. Notre première réponse a donc d'abord consisté en la prévention, qui est selon nous un élément pilier de l'anticipation. Cette prévention est d'abord non pharmaceutique, et concerne les gestes barrières et le port du masque. Il ne nous revient pas de définir s'il est nécessaire d'établir une obligation du port du masque. Cependant, notre rôle est de vous donner des clefs scientifiques pour vous aider à déterminer s'il y a lieu de le faire. Outre le port du masque, qui est un élément très important de lutte contre la covid, la grippe et la bronchiolite, il existe d'autres moyens de prévenir ces maladies. Il s'agit de l'aération des lieux clos, sur laquelle nous avons insisté.

Enfin, les vaccins assurent une prévention pharmacologique. Toutefois, nous insistons sur le fait que seules deux de ces trois infections peuvent être prévenues par des vaccins, à savoir la covid et la grippe. Ce n'est pas le cas de la bronchiolite. Nous considérons qu'un geste citoyen doit être développé dans la société, à savoir la solidarité envers les personnes les plus fragiles, telles que les personnes âgées, les bébés et les personnes souffrant de déficit immunitaire, qui sont les plus à même de développer des formes graves, voire, mortelles de ces infections. Il n'existe en effet ni vaccin ni médicament entièrement validé pour traiter la bronchiolite. Au contraire, il est désormais possible de lutter efficacement contre la covid et la grippe grâce à la vaccination, sans même évoquer les traitements permettant d'éviter les formes graves de covid et les formes de covid long.

Le covid long est une pathologie absolument claire et reconnue, mais qui peut être également évitée par la vaccination et par une prise en charge thérapeutique précoce. La covid n'est donc pas une fatalité, mais une maladie contre laquelle on peut lutter. C'est le sens de nos avis. Nous recommandons le port du masque et une communication et une information claires auprès des populations sur l'intérêt de la vaccination. La vaccination et en particulier le rappel de vaccination permettent de protéger jusqu'à 95 % contre le risque de décès et à 80 % contre le risque d'hospitalisation. Toutefois, à cause de la variation, la vaccination ne garantit pas de protection absolue contre l'infection et contre la transmission. Même s'il est difficile de le faire accepter à la société, il faut admettre que les vaccins contre la grippe et la covid sont capables de protéger contre les formes graves, l'hospitalisation, la réanimation et le décès, mais ils sont moins efficaces pour prévenir l'infection.

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