Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mercredi 11 janvier 2023 à 21h30
Application de la loi climat et résilience

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Il y aurait tant à dire. J'ai choisi de pousser un coup de gueule social, de lancer une alerte écologique, de faire un clin d'œil sympathique et enfin d'ouvrir un horizon – nous en avons besoin en ce début d'année.

Le coup de gueule social, tout d'abord, est lié à l'échec des mesures que nous avions votées dans la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, dite loi Egalim, puis dans la loi « climat et résilience », en matière d'efforts demandés à la restauration collective. Il était prévu que celle-ci propose 50 % de produits durables et de qualité dont au moins 20 % issus de l'agriculture biologique. Or nous sommes loin du compte et la crise n'explique pas tout. Un manque de volonté, de concertation ou encore de contractualisation a mené à cet échec.

L'évocation de cette situation dans nos cantines me permet de rappeler les effets produits par la crise liée à la guerre en Ukraine et par l'inflation sur le coût des repas. Tous les rapports indiquent que l'augmentation des matières premières, de l'énergie et des coûts salariaux pourraient faire passer le prix de la cantine de 3 à 4 euros. Avec mon collègue Guillaume Garot, j'ai alerté Mme la Première ministre, ce qui a donné lieu à une réunion interministérielle qui s'est tenue il y a quelques jours pour révéler notre désaccord sur le diagnostic.

Selon nous, la situation est tragique. Si le prix de la cantine passe de 3 à 4 euros, certains enfants en seront exclus car leur famille ne pourra plus la payer ou alors des collectivités se retrouveront en difficulté. Dans tous les cas, nous laisserons sur le carreau les leaders français des services agroalimentaires et de la distribution spécialisés dans les cantines et la RHD, la restauration hors domicile.

Face à cette situation dramatique, une conférence des solutions réunissant tous les acteurs de la filière et bien sûr ceux de la lutte contre le gaspillage doit permettre, grâce à un travail sur les grammages et la contractualisation, de trouver des réponses à la fois sociales et écologiques qui ne nous fassent pas dévier de la trajectoire tracée par les lois Egalim et « climat et énergie », et qui nous permettent de répondre à une urgence sociale : proposer au moins un repas de qualité à tous les enfants de notre pays.

Pour ce qui est de l'alerte écologique, chère Barbara Pompili, j'ai choisi d'évoquer l'affaire de la jaunisse de la betterave et donc des néonicotinoïdes. Notre assemblée vote en 2016 l'interdiction de ces derniers et, quatre ans après, elle la lève… J'ai eu l'impertinence de demander à cette tribune au ministre de l'agriculture d'alors, Julien Denormandie, combien de réunions du plan Écophyto avaient été organisées, combien de centres de recherche mobilisés et combien d'actions menées pour aboutir à ce dénouement, alors qu'on nous promettait en 2020 qu'il faudrait trois ans pour sortir de la dépendance aux néonicotinoïdes.

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