Intervention de Capitaine de vaisseau Guillaume Desgrées du Loû

Réunion du mercredi 30 novembre 2022 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Capitaine de vaisseau Guillaume Desgrées du Loû, bureau des opérations navales :

Pour ce qui est de la marine, il est clair que nous devons porter un regard global plutôt que régional sur la guerre en Ukraine. Plusieurs zones de friction existent entre la marine française et la marine russe. Nous devons observer la marine russe sur toutes les mers du globe et pas seulement dans la zone du conflit ukrainien, où nous ne pouvons plus pénétrer puisque nous n'avons plus accès à la mer Noire.

La marine russe compte différentes flottes. Elle a eu peu de pertes. Actuellement les bâtiments russes retournent dans leur port base après avoir été actifs dans les différents théâtres d'opération, y compris en Méditerranée orientale. Après avoir passé plusieurs mois en mer, les navires doivent être rénovés. La marine russe profite de l'hiver pour cette période de régénération, d'autant que le temps est mauvais. Ils pourront repartir du port base ensuite, une fois les équipages reposés. La marine française a répondu pour une part à ce problème par l'acquisition de bâtiments modernes à double équipage, qui peuvent rester plus longtemps en mer.

La marine russe a essayé de s'emparer de l'île aux Serpents, d'empêcher le passage des cargos céréaliers et d'imposer un blocus. Ils ont finalement dû y renoncer mais les convois ont été bloqués durant plusieurs mois. La perte du Moskva, touché par deux missiles tirés depuis la terre, est un nouveau revers pour la marine russe qui voit peser sur ses bâtiments une menace permanente en mer Noire. Les Ukrainiens utilisent des drones suicides contre la flotte russe et ont largement communiqué autour de leurs capacités à repousser les moyens russes. Ils ont réussi à dégager le golfe d'Odessa.

Ces expériences accréditent et renforcent les analyses de l'amiral Pierre Vandier dans le plan stratégique Mercator 2021, qui reprend et accélère le plan de l'amiral Christophe Prazuck. Il s'appuie sur trois piliers : une marine de combat, une marine en pointe et une marine des talents. Les enjeux sont notamment de renforcer la préparation opérationnelle dans la perspective de la haute intensité, d'accélérer la prise en compte des innovations, notamment les drones, et d'affermir la force morale des équipages. Ce dernier point est directement intégré à la préparation opérationnelle : nous avons ainsi le souci, et c'était un objectif de l'exercice Polaris 21, de renforcer le réalisme des exercices. Sur ces différents points, nous n'avons pas attendu la guerre en Ukraine pour travailler.

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