Intervention de Général Philippe Adam

Réunion du mercredi 14 décembre 2022 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Philippe Adam, commandant de l'espace :

S'agissant des acteurs privés et du New Space, nous sommes complètement engagés dans l'émergence d'un New Space français pour tirer profit de son extrême dynamisme : le New Space permet d'aller vite, de prendre des risques et de faire les choses de façon différente. Le commandement de l'espace tirera profit des capacités qui sont en cours de développement pour un usage militaire.

Cela ne supprime pas pour autant l'investissement public. Nous chercherons aussi à acquérir des capacités souveraines purement militaires, que nous paierons nous-mêmes et sur lesquelles nous pourrons nous concentrer. L'inconvénient de ce type d'achats est que cela demande du temps parce qu'il faut les sécuriser ; surtout lorsqu'il s'agit de capacités qui n'existent pas. Nous cherchons à compléter, renforcer ou apporter des performances nouvelles.

Nous continuerons aussi à faire de gros satellites d'observation avec des résolutions extrêmement fortes, des SATCOM bien protégés contre l'impulsion électromagnétique en cas de guerre nucléaire, etc., qui n'existent pas vraiment dans le civil. Il faut faire les deux et ne pas opposer New Space et nos champions industriels nationaux. S'appuyer sur le New Space présente l'avantage d'être extrêmement dynamique. Nous avons une petite unité au CDE, le Lisa (Laboratoire d'innovation spatiale des armées), constituée de trois personnes, installée à Toulouse dans un bâtiment qui n'héberge que des start-ups. Ils en ont rencontré 300 qui travaillent à des applications dans le domaine du spatial, avec un foisonnement d'idées, parfois farfelues et qui ne présentent pas d'intérêt pour nous, mais nous gardons contact avec une centaine d'entre elles et nous apportons un petit soutien à une trentaine de projets.

Tout cela doit se combiner. Nous continuons à investir beaucoup dans les moyens purement étatiques, pour des satellites, des radars et pour construire des moyens de commandement à Toulouse – et il faudra peut-être un jour prévoir un deuxième site de dévolution. Nous avons toujours l'intention d'investir, mais nous n'avons pas tant d'acteurs étatiques que cela pour fabriquer ces capacités ; nos gros investisseurs dans le domaine sont Thales, Airbus et Dassault ; ce sont nos champions. Ce qui pourrait être remis en question, c'est leur place dans la compétition internationale. Si nous ne laissons jouer que la compétition, même si nous sommes les meilleurs, ce n'est pas forcément nous qui gagnerons à la fin, comme nous avons pu le constater lors des appels d'offres européens. C'est désolant.

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