Intervention de Annick Cousin

Séance en hémicycle du mardi 31 janvier 2023 à 21h30
Fusion des filières à responsabilité élargie des producteurs d'emballages ménagers et des producteurs de papier — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnick Cousin :

Nous devons aujourd'hui nous prononcer sur une proposition de loi portant fusion des filières à responsabilité élargie des producteurs d'emballages ménagers et des producteurs de papiers graphiques, dont nous regrettons qu'elle ait été écrite précipitamment pour prolonger la possibilité pour la presse de contribuer à la REP en nature, qui a pris fin le 1er janvier 2023.

Car non, mes chers collègues, la fusion des deux REP n'est pas l'enjeu du texte : la plupart des experts auditionnés n'ont d'ailleurs pas vu l'utilité de la fusion, ni quelles économies elle allait engendrer. En 2017, l'entreprise Eco-Emballages, qui s'occupait de la filière REP pour les emballages ménagers, et Ecofolio, qui gérait celle des papiers graphiques, ont fusionné pour donner naissance à l'entreprise Citeo : que pouvons-nous attendre de plus ? Je vous le dis : rien ! C'est pourquoi nous proposerons un amendement tendant à supprimer l'article 1er du texte.

Vous l'aurez compris, ce texte tourne autour de la contribution en nature de la presse à la REP : c'est un sujet complexe. Si les gouvernements successifs ont aidé la presse à faire face à une mutation sans précédent – une évolution forcée liée à l'accélération du numérique au XXIe siècle –, l'article 72 de la loi Agec mettait fin à l'avantage accordé à la presse. La question est donc la suivante : devons-nous prolonger la possibilité qui lui était offerte de contribuer en nature à la REP, au risque de créer un précédent juridique, ou lui imposer une contribution purement financière ?

Pour nous, la réponse est claire : il ne peut y avoir d'exception. Cette conviction s'est forgée lors de l'audition d'acteurs des collectivités territoriales, qui nous ont demandé comment ils allaient expliquer aux contribuables que les diabétiques doivent payer la REP pour le recyclage de leur seringue, alors que les lecteurs de la presse n'ont pas à le faire pour le recyclage des journaux. Par conséquent, nous voterons en faveur de tous les amendements allant dans le sens d'une contribution financière de la presse. Néanmoins, conscients que la presse doit également avoir le temps de s'adapter, nous défendrons un amendement tendant à assurer la progressivité du passage à la contribution financière.

Si, je vous l'accorde, les travaux en commission ont permis de réparer une partie de l'injustice en permettant aux collectivités territoriales d'avoir accès aux encarts publicitaires, vous devez aller plus loin et rendre celles-ci prioritaires pour l'utilisation de ces encarts : c'est le sens de l'amendement de repli que nous défendrons, si la presse continuait à être exonérée de contribution financière à la REP malgré notre amendement de suppression de l'article 1er .

J'achèverai cette intervention, madame la secrétaire d'État, en vous faisant part de l'inquiétude des collectivités territoriales face aux hausses successives de la TGAP, qui pèse lourd dans leurs finances. Étant en bout de chaîne, elles doivent augmenter les taxes afin de prendre en charge les déchets non recyclables : tel est par exemple le cas à Fumel, dans ma circonscription. Nous en arrivons ainsi, mes chers collègues, à un paradoxe : plus on trie, plus on paie. Comment voulez-vous que les élus locaux puissent l'expliquer ? Comme d'habitude, l'État laisse aux collectivités le soin de régler le problème et le contribuable paie la facture. Du moins cette proposition de loi a-t-elle le mérite d'appeler notre attention sur les filières REP et les difficultés des collectivités territoriales en matière de recyclage. Notre assemblée doit s'emparer de ces sujets, afin que le coût du recyclage des déchets, mieux réparti, cesse de peser sur les collectivités, et que nous en revenions au cercle vertueux : plus on trie, moins on paie.

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