Intervention de Caroline Parmentier

Réunion du mercredi 1er février 2023 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Parmentier :

Notre jeunesse souffre. La crise économique a aggravé ses difficultés à se loger et à se nourrir. Les files d'attente pour les distributions alimentaires ne désemplissent pas. Elles crèvent le cœur : c'est une honte pour notre société. En 2020, 43 % des étudiants ont renoncé à un repas par jour pour des raisons financières. Les témoignages, souvent poignants, affluent sur les réseaux sociaux. Plus de deux étudiants sur cinq ne mangent pas à leur faim, parce qu'ils n'en ont pas les moyens : le statut d'étudiant est le plus précaire qui soit. Nous devons lutter contre cette injustice. Il est indispensable de permettre à notre jeunesse d'accéder à une alimentation adéquate, suffisante et à un tarif décent.

Les repas à 1 euro dans les restaurants des Crous, instaurés par le Gouvernement pour les étudiants boursiers, étaient nécessaires. L'affluence qui a suivi dans ces restaurants en est un témoignage éloquent. Nous devons pérenniser cette mesure en l'inscrivant dans le marbre de la loi, afin de faire échec à toute politique de casse sociale. Pour autant, ce n'est pas suffisant. La précarité étudiante ne se résume pas aux boursiers. Les étudiants ne perçoivent ni allocations chômage ni RSA et, du fait de leurs cours, ils ne peuvent avoir un travail au salaire suffisant. En France, étudier coûte beaucoup trop cher.

La politique actuelle des repas à 1 euro pour les élèves non boursiers mais en difficulté financière doit être maintenue et inscrite dans la loi. Manger à sa faim est une question de dignité, mais aussi de santé – comment étudier et apprendre sereinement quand on se préoccupe de ce que l'on va trouver à manger et du moment où on aura faim ? Cet objectif est réaliste et doit être atteint. Pour y parvenir, n'en déplaise à certains, nous devons lever un tabou : proposer un repas à un prix très réduit à des étudiants ayant des capacités financières modestes n'est pas de l'assistanat.

Toutefois, une question se pose. Cette proposition de loi tend à permettre à tous les étudiants d'accéder à des repas d'un coût unique de 1 euro, mais certaines situations sont objectivement différentes. L'étudiant boursier qui a de grandes difficultés à boucler ses fins de mois ne saurait être assimilé à celui dont les parents, aux revenus plus confortables, subviennent largement à ses besoins. Au nom de la justice sociale, il est possible de fixer des tarifs différents en fonction de la situation de chacun.

Nous avons ainsi déposé un amendement visant à ce que le prix des repas des Crous ne puisse excéder 2 euros pour les étudiants non boursiers, contre 3,30 euros actuellement. Des étudiants non boursiers peuvent être en difficulté sans pour autant se trouver dans une situation de grande précarité. C'est le cas de ceux dont le foyer fiscal a des revenus à peine supérieurs à 33 100 euros par an, qui n'ont pas le statut d'étudiant boursier et qui, pour les Crous, n'ont pas de difficultés financières graves.

Le Rassemblement national soutient l'esprit de cette proposition de loi, dont l'adoption permettrait un progrès social pour la jeunesse étudiante. Nos amendements vont dans ce sens, et nous porterons une attention particulière aux précisions que pourrait apporter la rapporteure au sujet de sa proposition d'un prix unique des repas pour tous les étudiants.

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