Intervention de Hendrik Davi

Réunion du mercredi 1er février 2023 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHendrik Davi :

Face aux défis sociaux et écologiques, nous avons besoin d'une jeunesse de plus en plus qualifiée. Nous devons donc réaffirmer dans la loi et rendre effectif le droit à poursuivre des études. C'est l'objet d'une proposition de loi déposée cette semaine par la NUPES. Les jeunes doivent avoir les moyens d'étudier dans de bonnes conditions. Sinon, le risque d'échec s'accroît.

Trop d'étudiants connaissent la misère. Certains vivent sous une tente, dans leur voiture, dans des centres d'hébergement d'urgence, ou sont contraints de se prostituer. La période du covid, qui a limité le recours aux jobs étudiants, a mis sur la place publique, de façon plus criante, une précarité en constante progression. Tout le monde a en mémoire les files d'étudiants souhaitant bénéficier d'une aide alimentaire, et cette précarité n'a pas disparu avec le covid. Comme le rappelle l'exposé des motifs, l'augmentation des prix des denrées alimentaires est bien supérieure au taux d'inflation moyen. Elle a atteint 12 % entre 2021 et 2022. S'y ajoute la hausse du coût de l'énergie, de 15 % par an. Par ailleurs, les frais d'inscription ont augmenté de 5,5 % depuis 2018.

Une étude de mars 2022, conduite par l'association COP1-Solidarités étudiantes, spécialisée dans l'aide alimentaire, révèle que 56 % des étudiants qui fréquentent cette association ne mangent pas à leur faim et que 43 % des sondées ont été contraintes de choisir entre l'achat de nourriture et celui de protections périodiques. En outre, 79 % des étudiants interrogés ont déclaré avoir recours pour la première fois à une aide alimentaire, signe de l'accroissement du problème. Parmi les bénéficiaires, les étudiants étrangers sont massivement surreprésentés, puisqu'ils constituent plus de 80 % du total.

Le rôle des Crous a été crucial pendant la crise sanitaire. Néanmoins, Emmanuel Macron a annoncé bien trop tardivement l'extension des repas à 1 euro à tous les étudiants, deux fois par jour. Cette mesure a ensuite été supprimée dès la rentrée universitaire de 2021, le Gouvernement réservant aux boursiers les repas à 1 euro. Il est urgent de les rétablir pour tous les étudiants.

Cela étant, le budget de nombreux Crous est déjà déficitaire, car l'État ne compense pas complètement les coûts liés à l'application de la loi Egalim et le renchérissement du prix des repas lié à l'inflation. Nous avions déposé un amendement demandant un rapport sur l'état de santé financière des Crous, mais il a été jugé irrecevable. Les questions financières sont pourtant cruciales. La capacité d'investissement des Crous doit être préservée, notamment pour permettre le développement du logement étudiant, qui est largement insuffisant – c'est d'ailleurs une des raisons des difficultés financières des étudiants.

D'autres amendements n'ont pas davantage été déclarés recevables. Le premier proposait la gratuité des repas. Cet objectif est atteignable, dans l'enseignement supérieur comme dans le reste de l'éducation. La gratuité serait une mesure forte, qui permettrait de diminuer les coûts pour tous les étudiants. Le second amendement proposait une solution plus ambitieuse que la réforme à venir des bourses afin d'éradiquer la précarité étudiante : tous les étudiants détachés du foyer fiscal de leurs parents pourraient bénéficier d'une allocation d'autonomie. Cette mesure, également défendue par une partie des syndicats étudiants, serait à la hauteur des enjeux de notre temps.

J'insiste sur le nécessaire caractère universel des droits. C'est l'un des débats que nous avons avec le groupe Renaissance, qui considère que certains parents peuvent payer. Or ces derniers paient déjà des impôts. Il est légitime que tous les étudiants bénéficient des aides, y compris des repas à 1 euro. Rompre l'égalité d'accès aux droits divise en profondeur la population. Il est très important que les enfants de ceux qui paient des impôts aient les mêmes droits que les autres. Les droits doivent être universels dans notre République.

Le groupe La France insoumise votera pour cette proposition de loi visant à assurer des repas à 1 euro pour tous les étudiants, car elle va dans le bon sens. Si elle était adoptée, elle permettrait une avancée substantielle pour tous les étudiants et toutes les étudiantes.

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