Intervention de Jean-Claude Raux

Réunion du mercredi 1er février 2023 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Raux :

Nous remercions le groupe socialiste pour cette proposition de loi aussi nécessaire qu'humaine. Malgré les grands discours du Gouvernement, les jeunes retiennent du précédent quinquennat qu'ils sont les oubliés des politiques publiques, et même souvent les sacrifiés.

Les dernières élections législatives ont été marquées par l'abstention massive des 18-24 ans. On leur reproche de se désintéresser de la politique et de ne pas suffisamment s'engager. Mais quand aucune politique d'envergure pour la jeunesse n'est menée et qu'aucun signal en sa faveur n'est donné, qui peut se permettre de leur jeter la pierre ? Les jeunes sont sacrifiés car ils figurent parmi les grands perdants de la réforme des retraites dont nous débattons, ce qui constitue un nouveau signal négatif, alors que la jeunesse est déjà cernée par les incertitudes et l'éco-anxiété. L'héritage que nous lui laisserons ne sera pas le moins lourd à porter, loin de là.

Les jeunes ont aussi été sacrifiés pendant la crise du covid. Alors que la population étudiante était déjà fragilisée, sa précarité s'est encore accentuée. L'immolation devant le Crous de Lyon d'Anas Kournif, qui avait fait de cet acte un choix politique, en a été la plus dramatique expression. La réaction de Jean Castex et l'instauration du ticket U à 1 euro avaient permis à bon nombre d'étudiants de respirer. Pourtant, il a fallu, dans une logique comptable, leur enlever ce peu d'air frais et leur imposer sans sourciller une baisse des APL, allocations dont les étudiants sont les principaux bénéficiaires.

Le passage du prix des repas de 3,30 à 1 euro représente une économie substantielle, de l'ordre de 70 euros par mois en moyenne pour un étudiant ou une étudiante, d'où l'intérêt de cette proposition de loi, a fortiori alors que le coût de la vie étudiante a augmenté de près de 6,5 % en 2022, que l'inflation touche durement cette population, que beaucoup n'ont d'autre recours, pour accéder aux denrées de base, que de se tourner vers l'aide alimentaire, au point que les associations déclarent ne plus être en mesure d'absorber la demande, et alors que le Gouvernement a fait adopter un projet de loi de finances dans lequel la revalorisation des bourses ne couvre même pas l'inflation. Le constat ne change pas : 19 % des jeunes de 18 à 29 ans vivent sous le seuil de pauvreté, et cette situation ne semble pas partie pour s'arranger.

La réponse est toujours la même, celle de la réforme des bourses. Cette réforme, nous l'attendons de pied ferme. Nous avons besoin de faire pour les étudiants et la jeunesse tout entière ce que nous avons su faire pour les aînés et les retraités, avant le détricotage réalisé par les gouvernements successifs, y compris peut-être, et plus que jamais, par l'actuel, à savoir un véritable système de protection sociale. En attendant, puisque le niveau des bourses est insuffisant et que leur indexation sur le revenu des parents exclut un certain nombre d'étudiants du dispositif, il est urgent de voter cette mesure. Nous appelons l'ensemble des partis républicains à faire consensus, à faire bloc autour de la jeunesse et pour elle.

C'est sans réserve aucune et avec beaucoup d'espoir que le groupe Écologiste-NUPES votera en faveur de cette proposition de loi.

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