Intervention de Maxime Laisney

Réunion du jeudi 2 mars 2023 à 9h35
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaxime Laisney :

Mardi soir, en commission du développement durable, la rapporteure pour avis Decodts n'a pas cessé de nous dire que le Parlement n'avait pas besoin du Gouvernement pour faire des rapports…

L'amendement CE246 demande tout de même au Gouvernement de remettre au Parlement, avant le dépôt du projet de LPEC, un rapport évaluant l'impact de la corrosion sous contrainte. On a eu, à ce sujet, deux sons de cloche. On nous a d'abord dit qu'on n'avait pas vu venir ce phénomène et qu'EDF l'avait découvert, il y a environ un an et demi ; puis, hier, nous avons appris que la centrale du Bugey connaît ce problème depuis 1984. Nous aimerions connaître la vérité.

Dans son discours de Belfort, le président Macron a promis six nouveaux EPR, huit autres étant à l'étude. Or le texte en mentionne quatorze, et éventuellement neuf de plus. Le président-directeur général d'EDF Luc Rémont nous a dit, lors de son audition, qu'il ne s'engageait que sur six réacteurs et que son entreprise n'était sans doute pas capable de faire davantage.

Trois des six scénarios de RTE prévoient 100 % d'énergies renouvelables à l'horizon 2050 ou 2060. S'il est de plus en plus difficile d'atteindre ces objectifs, c'est parce que vous ne cessez de prendre du retard – cela a encore été le cas avec la loi sur l'accélération de la production d'énergies renouvelables.

La corrosion sous contrainte a entraîné des ruptures d'approvisionnement et nous a contraints d'importer de l'électricité. Nous serons de plus en plus amenés, à l'avenir, à recourir à la climatisation. Les EPR connaissent partout des difficultés, et on ne sait pas si les EPR2 fonctionneront.

L'amendement CE247 a pour objet la remise d'un rapport sur la fiabilité des réacteurs pressurisés européens. On sait que les EPR de deuxième génération requièrent 20 millions d'heures d'ingénierie – on est loin du compte. Le président-directeur général de Framatome nous a dit qu'on se trouvait encore dans une phase de recherche concernant la fabrication des pièces. Cette phase est nécessairement très longue avant de pouvoir passer à la production en série.

Quel est le bilan de l'EPR ? Flamanville a douze à treize ans de retard et coûtera 20 milliards d'euros au lieu de 3 ; Taishan#1 a été arrêtée pendant un an ; Olkiluoto 3 a subi douze ans de retard et ne connaît toujours pas un fonctionnement optimal ; Hinkley Point accumule retards et surcoûts. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) nous a dit en 2022 que nous avions trois ans pour agir. Le Haut Conseil pour le climat (HCC), quant à lui, émet des doutes sur le nucléaire et relève que les investissements annoncés dans le parc sont sujets à beaucoup d'incertitudes. Nous ne pensons pas que l'EPR soit une solution pour décarboner et lutter contre le réchauffement climatique.

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