Intervention de Christophe Bex

Réunion du jeudi 2 mars 2023 à 9h35
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Bex :

Avec cet article, anticipant sur les discussions de la future LPEC, vous souhaitez relancer l'atome par la construction de quatorze réacteurs supplémentaires. Nous y sommes totalement opposés. L'accélération du déploiement du nucléaire nous semble d'autant plus incompréhensible que la filière atomique produit chaque année 23 000 mètres cubes de déchets et qu'il n'existe toujours pas de solution durable et sûre pour les traiter. Le nucléaire, c'est comme un avion sans train d'atterrissage.

C'est ainsi que le projet de centre industriel de stockage géologique (Cigéo) va doter la petite commune de Bure d'un effroyable potentiel concentré dans des galeries équivalentes au métro parisien, à 500 mètres sous terre : 3 % des déchets, représentant plus de 99 % de la radioactivité résultant des activités nucléaires des cinquante dernières années. Ce projet, en raison de sa nocivité, fait l'objet de vives critiques, tant de la part des habitants, totalement méprisés et directement menacés, que des scientifiques, des collectivités limitrophes et de l'autorité environnementale.

Il suscite également de nombreuses questions d'ordre économique, en raison de la durée des travaux, estimée à 150 années au minimum, puisque l'on creuse et l'on enfouit en même temps. Imaginons un chantier en cours qui aurait débuté en 1870 ! Nul n'est non plus capable de déterminer avec précision les sommes à engager pour son installation et son exploitation. Parce qu'il est important de connaître le coût de la gestion des déchets nucléaires en France, nous demandons, par l'amendement CE248, qu'un rapport le chiffrant soit remis au Parlement.

Vous arguez souvent que le nucléaire, peu émetteur de CO2, serait bon par nature pour le climat et constituerait un levier indispensable pour répondre à l'urgence climatique. Vous oubliez deux aspects, et pas des moindres : le nucléaire est une énergie ni propre ni résiliente face aux conséquences du changement climatique. Non seulement le réchauffement de l'eau rend plus difficile le refroidissement des réacteurs, ce qui affecte leur bon fonctionnement – nous l'avons encore constaté cet été –, mais la multiplication des événements extrêmes accentue le risque d'inondation des réacteurs, comme le relève l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

C'est pourquoi nous demandons, par l'amendement CE252, que soit remis au Parlement un rapport évaluant l'incapacité du nucléaire à répondre à l'urgence climatique. Ce rapport s'attacherait à évaluer l'impact des sécheresses et de l'augmentation des températures sur le fonctionnement des réacteurs. Il préciserait également les délais de construction, dont le HCC observe qu'ils représentent plusieurs décennies, peu compatibles avec l'urgence climatique. Du fait des très lourds investissements et des délais qu'il requiert, le nucléaire, dont le développement se fait au détriment des énergies renouvelables, n'est pas bon pour le climat et, du fait de son changement, le climat n'est pas bon pour le nucléaire.

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