Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du mercredi 15 février 2023 à 15h30
Commission d'enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères-États, organisations, entreprises, groupes d'intérêts, personnes privées-visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Je le sais.

Vous nous avez exposé des modes d'ingérence diversifiés et de plus en plus subtils – au point que la différence que vous avez faite entre influence et ingérence devient de plus en plus difficile à distinguer. Vous avez dit aussi que la DGSE et la DGSI jouent un rôle de radar pour alerter les autorités politiques.

Dans le cas de Huawei, le recrutement d'anciens parlementaires, d'anciens ministres ou Premiers ministres dans les états-majors de cette entreprise relève de l'influence, pas de l'ingérence. Si, en revanche, il y a corruption, il s'agit d'une forme d'ingérence, surtout si cela permet l'espionnage au niveau des cœurs de réseaux. Il n'y a pas de différence de nature, mais de degré, ce qui rend votre tâche très difficile.

Pourquoi, selon vous, les États-Unis ont-ils interdit beaucoup plus strictement le système Huawei ? Est-ce pour défendre leurs intérêts, en se servant du prétexte de l'espionnage pour éliminer un concurrent, ou parce qu'un compromis tel que celui que nous avons trouvé en limitant les interventions au cœur de réseau est insuffisant ?

Enfin, est-il vrai – mais peut-être la question est-elle confidentielle – que Huawei a implanté un centre en Alsace à proximité d'un centre de l'armée française ? Si ce n'est pas une fake news, comment l'État a-t-il pu laisser faire cela ?

En un mot, suffit-il d'interdire à Huawei le cœur de réseau, ou est-ce une cote mal taillée ? Je sais, au demeurant, que vous n'êtes pas responsable de cette situation : vous avez alerté les autorités politiques, à qui il revient de juger.

Ce qui m'inquiète le plus est le mélange d'influence et de corruption. La corruption ne passe pas seulement par des valises de billets : il peut s'agir d'une promotion, d'un pantouflage ou de gains extravagants au détriment des intérêts nationaux. Face à des États qui sont prêts à tout et qui utilisent des leviers moins clairs qu'auparavant, votre rôle n'est-il pas beaucoup plus difficile ?

Comment, enfin, articulez-vous votre devoir d'alerte avec un suivi qui peut revêtir une nature judiciaire ? Avez-vous des exemples d'alertes que vous avez lancées et qui ont permis de bloquer des opérations, pour votre satisfaction et votre fierté ? À l'inverse, avez-vous vécu des situations de frustration en voyant tomber dans le néant des alertes que vous aviez lancées ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion