Intervention de Olivia Grégoire

Séance en hémicycle du mardi 11 avril 2023 à 9h00
Questions orales sans débat — Mesures sociales contre la boucle prix-profits

Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme :

Je suis heureuse de vous entendre dire que le pouvoir d'achat a augmenté ces dernières années ; vous auriez même pu préciser que cette augmentation fut encore plus forte sous le précédent quinquennat. Je suis aussi heureuse de noter qu'une fois n'est pas coutume, vous faites grand cas des études du FMI. Je suppose donc que, comme le FMI et comme ce gouvernement, vous préconisez le sérieux budgétaire.

Quant à l'étude à laquelle vous faites référence, elle ne conclut pas qu'il n'existe pas de boucle « prix-salaires », mais simplement que les salaires nominaux finissent toujours par s'ajuster à l'inflation – ce sur quoi nous sommes bien d'accord. En réalité, l'enjeu est le rythme auquel se fait cet ajustement. Soit il se fait brutalement, par une indexation : dans votre idée, c'est même plus qu'une indexation, puisque vous proposez une hausse de près de 20 % du Smic couplée à un blocage des prix. Si l'on bloque le prix de la baguette, comment le boulanger assumera-t-il la hausse du Smic ? Question sempiternelle, que je me pose et que je pose souvent aux Insoumis. Vous renvoyez à un obscur – permettez-moi ce qualificatif – fonds de péréquation. J'en entends parler depuis des années, mais personne n'a jamais pu m'expliquer son fonctionnement, et il s'apparente davantage à une usine à gaz qu'à une bonne idée. Je le répète : si vous bloquez le prix de la baguette, comment le boulanger assumera-t-il l'augmentation du Smic ?

Deuxième option : cet ajustement se fait de façon graduée, en protégeant d'abord les plus modestes. Vous l'avez bien dit et nous sommes d'accord : l'inflation n'affecte pas tous les foyers de la même manière. Le Gouvernement a donc suivi votre inspiration en proposant la revalorisation, à hauteur de l'inflation, du Smic, des bourses étudiantes, du point d'indice des fonctionnaires, des aides personnelles au logement, des minima sociaux et des retraites. En un mot, nous avons bien indexé les salaires sur les prix ! Pourquoi n'avez-vous pas voté cette mesure ?

Vous regrettez que les salaires n'augmentent pas assez vite ; je le regrette aussi, mais je sais – comme vous, puisque vous distinguez entre les petites, les moyennes et les grandes entreprises – que les réalités sont différentes d'une entreprise à l'autre : toutes ne peuvent pas augmenter les salaires dans les mêmes proportions.

C'est pourquoi le Gouvernement a mis en place de nouveaux outils comme la prime de partage de la valeur (PPV). En moins de six mois, 5,5 millions de nos salariés ont gagné en moyenne 789 euros de plus. L'an dernier, plus de 4 milliards d'euros ont été ainsi distribués à plus de 5 millions de salariés, ce qui correspond à un doublement de la prime.

Vous le savez, cette prime n'est pas comprise dans le salaire réel. Je vous invite donc à vous référer plutôt au revenu réel, point de désaccord entre nous qui renvoie à un débat technique : il a été stable en 2022 après avoir connu en 2021 une forte hausse, de plus de 2 %. Parmi les facteurs d'explication, il faudra indiscutablement mettre en avant le bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie, dispositif que vous n'avez pas non plus voté !

Avec Bruno Le Maire, nous restons vigilants, notamment s'agissant de l'inflation alimentaire contre laquelle nous avons mis en place le trimestre anti-inflation. Nous avons lancé, pas plus tard que la semaine dernière, un appel à l'ensemble des industriels de l'agroalimentaire en les engageant à réenclencher des négociations commerciales fin mai-début juin : lorsque les prix des matières premières baissent, ce qui est le cas désormais, il faut diminuer les prix.

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