Intervention de Hendrik Davi

Séance en hémicycle du mercredi 3 mai 2023 à 15h00
Quelle attractivité et quelle compétitivité pour la recherche française

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHendrik Davi :

Les mots ont leur importance : compte tenu des enjeux liés à la recherche, il est difficile d'appliquer à celle-ci les notions d'attractivité et de compétitivité, empruntées au privé. Rappelons que la recherche constitue avant tout un service public ; la production et le partage du savoir scientifique, essentiels à l'émancipation des citoyens, cimentent la démocratie, tandis que les savoirs finalisés sont par exemple indispensables à la nécessaire transition écologique.

Concernant le manque d'attractivité de la recherche française, je souhaiterais avant tout nuancer le constat. Lors des concours, la pression est en réalité très forte : il y avait en 2019 plus de sept candidats par poste de maître de conférences, plus de vingt-deux par poste de chercheur au CNRS. Autre indice, la proportion de chercheurs étrangers est très importante et ne cesse de croître. En 2015, elle atteignait 15,6 % au sein des organismes de recherche, 10,5 % dans les établissements d'enseignement supérieur, contre seulement 5 % dans les entreprises privées ! Pour ces chercheurs, fortement précarisés dans leur pays d'origine, le statut de fonctionnaire demeure très attractif.

Le problème ne réside donc pas tant dans un supposé défaut d'attractivité que dans le manque de postes. Nombre de jeunes chercheurs, pour faire effectivement de la recherche, sont contraints de partir à l'étranger ; davantage encore, lassés par leurs échecs aux concours, abandonnent. Afin de mettre un terme à ce gâchis, il convient tout d'abord de recruter massivement – au moins 30 000 titulaires, d'après les calculs que nous avons faits en vue d'une proposition de loi émanant de la NUPES – et d'en finir avec la précarité, par exemple en titularisant tous les contractuels qui exercent des fonctions pérennes.

Par conséquent, ma question sera simple : très concrètement, que comptez-vous faire pour tous les précaires de la recherche ? En outre, il importe de rémunérer dignement les personnels qui ont vu leur salaire perdre de la valeur en raison du gel du point d'indice des fonctionnaires, ainsi que d'améliorer les conditions de travail, détériorées par l'avènement de la logique managériale. Que ferez-vous afin de redonner aux équipes des crédits récurrents ? Enfin, le manque de compétitivité incombe surtout à la recherche privée. Le CIR est passé de quelques centaines de millions à plus de 7 milliards d'euros, soit 40 % du budget de la recherche, alors que son efficacité reste contestée et que, parmi les bénéficiaires, certains licencient. Comment comptez-vous donc revoir l'aide aux entreprises ?

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