Intervention de Géraldine Bannier

Séance en hémicycle du vendredi 5 mai 2023 à 9h00
Crise de l'hôpital public

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGéraldine Bannier :

Les urgences du centre hospitalier de Laval fermeront huit nuits au mois de mai, faute de soignants pour assurer toutes les gardes – une habitude depuis l'automne 2021, rappelle un quotidien local. Une grève récente du service de médecine gériatrique a abouti au renforcement des horaires des aides-soignants la nuit et le week-end sans qu'ait pu être satisfaite la demande appuyée d'un poste d'infirmier. Un audit sera prochainement réalisé par la direction de l'hôpital sur les conditions de travail des personnels soignants.

La loi Rist et le plafonnement de la rémunération de l'intérim, bien que très justifiés, n'empêchent pas l'accroissement de la mise sous tension des effectifs. À cette pression sur les personnels s'ajoute l'inquiétude de nos concitoyens. Des cas de décès liés à de possibles prises en charge inadaptées – absence de lits disponibles en psychiatrie, malades cardiaques renvoyés trop vite chez eux – sont parvenus jusqu'à nos oreilles.

La question de la perte de chances est peu évoquée – elle est taboue, pour ainsi dire –, mais elle est perçue par les patients. L'AMRF cite le chiffre de 14 000 morts par an dans les zones rurales.

En Mayenne, il s'agit de savoir non plus si l'on pourra être suivi en continu par un médecin – la prévention, on l'oublie – mais si l'on pourra en trouver un quand cela n'ira vraiment pas. Ne doit-on pas aller plus loin que l'attirail de mesures déjà employées depuis longtemps, et activement, dans notre territoire : maisons médicales, télémédecine, assistants médicaux, délégation de tâches, accueil d'internes ? Les élus dénoncent régulièrement la course à l'échalote à laquelle ils doivent se livrer pour faire venir des médecins ou les retenir lorsqu'ils sont tentés de partir un peu plus loin.

Des reportages témoignent de l'engagement de personnels médicaux prêts à donner de leur temps pour répondre aux patients vivant dans les déserts médicaux. L'Académie de médecine suggère un service médical citoyen d'un an pour les jeunes médecins. Quand prendrez-vous des mesures pour mieux répartir les professionnels de santé ? Car si l'on manque de médecins partout, il est inadmissible qu'ils soient trois fois moins nombreux ici qu'ailleurs et que l'on doive attendre dix mois un rendez-vous chez un dentiste ou chez un ophtalmologiste. En Mayenne, selon les chiffres de l'Insee, on dénombre, pour 100 000 habitants, 109 médecins généralistes, contre 151 en moyenne nationale, et 81 spécialistes, contre 178 en moyenne nationale.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion