Intervention de Christian Baptiste

Séance en hémicycle du vendredi 5 mai 2023 à 9h00
Quelles réponses à l'envolée des prix des produits de grande consommation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristian Baptiste :

Selon les calculs présentés par l'Institut La Boétie dans son point de conjoncture publié le 11 avril 2023, la hausse des profits constitue la première cause d'augmentation des prix de production alimentaire au second semestre 2022, devant le coût des consommations intermédiaires. L'agence Reuters avait d'ailleurs souligné en mars que la Banque centrale européenne (BCE) était consciente du fait que le moteur de la hausse des prix en Europe tient désormais au comportement des entreprises s'agissant de leurs marges. Certaines entreprises semblent donc adopter ouvertement une stratégie de profiteurs de crise, ce qui devrait nous conduire à relancer le débat quant à la taxation des superprofits.

La situation est pire encore lorsque les entreprises possèdent un quasi-monopole et dominent fortement leur marché, comme on peut le constater dans les secteurs de l'énergie et du transport. En attendant les conclusions du rapport d'enquête relatif au coût de la vie dans les outre-mer, dont est chargé mon collègue Johnny Hajjar, député de Martinique, nous en ressentons déjà les effets dans les territoires insulaires comme la Guadeloupe, dont je suis député, et les autres territoires dits d'outre-mer. Ainsi, l'armateur CMA CGM a réalisé un bénéfice net de 23,5 milliards d'euros en 2022. Quasiment aucune entreprise n'avait jamais atteint un tel chiffre dans l'histoire de France. CMA CGM y est parvenu grâce à une hausse des prix qui lui a permis d'augmenter son chiffre d'affaires de 33,1 %.

Pensez-vous à plafonner le prix des denrées alimentaires ? Cela a déjà été fait par le passé, par exemple dans le cadre de la loi du 4 mai 1793, dite loi du maximum, qui fixait un plafond au prix des grains. On a également tendance à oublier qu'entre 1793 et 1986, le prix du pain était réglementé en France. Force est toutefois d'admettre qu'il serait difficile d'encadrer la totalité des prix des biens de consommation. Dès lors, l'encadrement des prix des produits de première nécessité paraît une solution possible.

Seriez-vous favorable à l'indexation des salaires sur l'inflation, qui permettrait aux salaires d'augmenter automatiquement pour refléter la hausse des prix ? Là encore, cela n'a rien de particulièrement révolutionnaire, puisque l'échelle mobile des salaires était appliquée en France entre 1952 et 1982 et qu'elle existe encore dans d'autres pays.

En Belgique, par exemple, l'ensemble des salaires a augmenté mécaniquement cette année, car ils sont indexés sur l'inflation. Le salaire de base des employés en Belgique a ainsi progressé de 11 % l'année dernière.

Au Luxembourg, il y a également un système d'ajustement automatique des salaires et des traitements dès que l'inflation cumulée atteint 2,5 % de l'indice du coût de la vie. Cette obligation s'impose à tous les employeurs et est contrôlée par l'inspection du travail. Quelles sont vos positions sur ces différentes propositions ?

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