Intervention de Ersilia Soudais

Réunion du mercredi 5 avril 2023 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaErsilia Soudais :

Pour ma part, je vous félicite pour la création du site InfoMigrants, qui a effectué un travail remarquable. Je sais que le respect de la déontologie vous est cher, condition sine qua non pour maintenir la confiance des populations étrangères à l'égard de nos médias internationaux. Pourtant, lorsque le président Macron souhaite faire de France Médias Monde un outil d'influence diplomatique pour « combattre les narratifs mensongers de la Russie, de la Chine et le Turquie », ne porte-t-il pas atteinte à la crédibilité de cette institution ?

Or les choix du Gouvernement vont également dans le sens d'une perte d'indépendance pour France Médias Monde. La suppression de la redevance audiovisuelle dont vous avez parlé, laisse craindre des contraintes budgétaires supplémentaires. Le budget de France Médias Monde s'élève à 280 millions d'euros en 2023, dont 266 millions relèvent de dotations de l'État.

Ce budget est inférieur à celui de vos concurrents européens tels que la BBC World Service ou de la Deutsche Welle et près de trois fois inférieur du budget américain du soft power. Ce faible budget permet-il vraiment à France Médias Monde d'accomplir l'intégralité de ses missions ? De plus, le maintien d'un financement public est un garde-fou contre les dérives autocratiques, contrairement aux chaînes gouvernementales telles que RT. J'y tiens tout particulièrement, dans ce contexte de répression des manifestations et de criminalisation des opposants politiques. Une perte d'indépendance à un moment charnière des tensions internationales n'aurait pour effet que de continuer à nous éloigner des populations et de leurs gouvernements, qui considèrent France Médias Monde comme la voix de l'Élysée. Enfin, la France n'a-t-elle pas une part de responsabilité quand le 27 mars dernier, le gouvernement du Burkina Faso a décidé d'interrompre la chaîne France 24 en dehors des procédures prévues par la convention de diffusion ? Comme vous l'avez dit, Berlin elle-même remet en cause l'existence d'une fréquence pour France Médias Monde à la suite de la suppression de la redevance. C'est dire en effet si cette mesure n'est pas sans conséquence. Berlin ne veut pas que la voix de l'Élysée élise domicile en son sein, et on peut le comprendre.

Madame la présidente-directrice générale, dans ces conditions, quel est l'avenir de France Médias Monde ? Ne risquez-vous pas de n'avoir de service public que le nom ? Votre objectif louable de résistance démocratique n'est-il pas mis à mal ?

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