Intervention de Bruno Le Maire

Séance en hémicycle du mercredi 10 mai 2023 à 15h00
Débat d'orientation et de programmation des finances publiques

Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique :

Je suis très heureux de vous retrouver à l'occasion de ce débat, dont je voudrais profiter pour faire un état des lieux des finances publiques – exposer d'où nous venons et surtout quelle stratégie le ministre délégué chargé des comptes publics, Gabriel Attal, et moi-même vous proposons pour les quatre années à venir.

En 2018, notre majorité a rétabli les comptes publics : nous avons diminué le niveau d'endettement du pays et, comme ce devrait être le cas dans toute l'Union européenne, ramené à moins de 3 % son déficit public, ce qui nous a permis de sortir de la procédure concernant les déficits excessifs. Nous avons ensuite connu trois crises successives : celle des gilets jaunes, où beaucoup de citoyens ont demandé à juste titre que leur travail soit mieux rémunéré ; celle du covid-19, dont nous oublions déjà qu'elle fut la crise économique la plus violente depuis celle de 1929, entraînant l'effondrement de notre produit intérieur brut ; enfin la crise inflationniste, marquée par le choc énergétique le plus brutal qui soit survenu depuis le choc pétrolier de 1973.

Le Président de la République et la majorité ont choisi de protéger nos compatriotes, nos entreprises. Nous avons évité une vague de faillites qui aurait mis le pays à genoux, une explosion du chômage qui aurait empêché l'économie de redémarrer, faute de personnel qualifié et compétent, faute de savoir-faire. Conséquence de ce choix, entre 2019 et 2021, la dette est passée de 97 % à 113 % du PIB. Cette progression se situe du reste dans la moyenne des nations européennes : durant la même période, l'Allemagne a accru sa dette de 10 points de PIB, l'Italie de 16 points, exactement comme nous, et l'Espagne de 20 points.

Maintenant que la pandémie est derrière nous, que l'inflation devrait commencer à refluer cet été, que nous sortons de cette succession de crises, nous connaissons un moment de vérité – le moment d'assumer nos choix. Devons-nous continuer à dépenser plus, ou rétablir nos finances publiques ? Notre choix, celui de la majorité, celui du Président de la République, est clair : nous voulons qu'elles soient, d'ici à 2027, fermement rétablies. L'autre branche de l'alternative consisterait à retrouver la très ancienne et très regrettable inclination française à toujours plus de dépenses publiques. Celle-ci plonge fort loin dans notre histoire ; elle repose sur l'illusion que la dépense serait la solution à tout, que tous nos problèmes, toutes nos difficultés s'évanouiraient à force d'argent public. Je ne crois pas que ce soit le cas. La dépense publique est bien sûr indispensable dans des secteurs tels que la santé, l'éducation, la sécurité, les grands services publics ; dans d'autres, elle se révèle inutile, voire dangereuse, car contribuant à la spirale de la dette.

Je voudrais que chacun se rappelle ici qu'au cours de l'histoire, les périodes d'instabilité politique ont toujours été précédées de grandes difficultés financières. Par le passé, les gouvernements n'ont pas toujours échappé à cet engrenage infernal, implacable : l'augmentation de la dépense entraîne celle de la dette, d'où celle des impôts, suscitant la révolte fiscale, qui nourrit à son tour la révolte politique. C'est précisément là ce que nous voulons éviter.

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