Intervention de Stéphane Viry

Séance en hémicycle du jeudi 11 mai 2023 à 9h00
Mobilité internationale des alternants pour un "erasmus de l'apprentissage" — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Viry :

Je salue cette initiative parlementaire qui vise à faciliter la mobilité internationale des alternants et des apprentis. C'est l'occasion de faire le point sur l'apprentissage et sur le soutien que nous devons lui apporter, ainsi qu'à toutes les formations en alternance.

La reconnaissance de l'apprentissage progresse depuis plusieurs années dans notre pays. Une autre culture est en train de l'emporter : celle du choix de l'apprentissage pour monter en compétence, pour apprendre un métier, pour acquérir des savoirs.

Depuis plusieurs années, les choses vont mieux, s'organisent et nous allons dans la bonne direction. C'est un choix politique opposé de celui de la fin des années 1980 quand, au nom d'un dogme égalitariste, et d'un postulat stupide, notre pays fait le choix d'amener toute une génération au baccalauréat, et de la confiner au sein de l'éducation nationale, plutôt que de favoriser l'apprentissage pour soutenir la montée en compétence.

Nous sommes nombreux à considérer que l'apprentissage est une voie de réussite, le chemin vers l'insertion professionnelle. Je suis donc favorable à la promotion, pour les apprentis aussi, de la mobilité internationale, qui reste pour eux une exception. Erasmus ne doit pas être le privilège des universités ; il ne doit pas être réservé à l'enseignement supérieur. La situation montre que les départs sont insuffisants car trop compliqués, ce que les rapports confirment.

Le groupe Les Républicains est d'accord pour simplifier l'accès au dispositif, pour sécuriser la mobilité en matière de rémunération, de protection sociale, de conditions d'accueil, pour ouvrir les possibilités de mobilité à tous les alternants.

La proposition de loi vise à répondre au constat que les apprentis sont peu nombreux à se rendre à l'étranger, notamment en Europe, et que leurs séjours sont plus courts que ceux de leurs homologues européens. Les raisons en sont connues : elles sont juridiques – le contrat d'apprentissage rend les mobilités difficiles ; relatives au manque d'autonomie de certains apprentis, en particulier ceux des niveaux 3 et 4 ; elles sont aussi linguistiques, puisqu'un niveau insuffisant peut faire obstacle au fait d'aller travailler et se former à l'étranger. En outre, certaines entreprises ne sont pas assez convaincues des effets bénéfiques de la mobilité, pour les apprentis et pour elles-mêmes. Enfin, les financements sont peut-être insuffisants ; le système de bourses, propre à chaque Opco, n'est pas assez lisible et fluide. Tout cela est trop compliqué.

Le texte tend à simplifier et à uniformiser ; il va dans la bonne direction. Nous sommes favorables à une promotion plus puissante et plus efficace de la mobilité des apprentis ; en ce sens, la proposition de loi est utile. Il s'agit d'une expérience bénéfique à la fois pour les apprentis, qui trouveront ailleurs une formation différente et enrichiront ainsi leur bagage, et pour les entreprises, qui recueilleront les fruits de l'expérience acquise. Les économies nationales aussi trouveront avantage à mieux se connaître et mieux se comprendre. Chacun y gagnera.

Le groupe Les Républicains soutient l'ouverture internationale pour favoriser la réussite des apprentissages et devrait donc voter le texte. Toutefois, monsieur le rapporteur, vous avez évoqué un texte consensuel. Certes, il l'est par son esprit, même si nous avons compris qu'un des groupes ne le voterait pas, mais je veux dénoncer clairement, pour l'avenir, l'approche unilatérale, verticale – conforme à l'enseignement de votre maître –, peu propice à la coconstruction, que vous avez adoptée en commission. En effet, vous avez repoussé des amendements : il s'agit d'une façon de faire désuète et inopportune si nous voulons trouver des solutions pour faire avancer le pays. Votre attitude ne s'accorde pas aux concessions qu'une majorité relative doit accepter, tout particulièrement dans une période difficile pour le pays, lorsque les gens responsables et de bonne volonté cherchent des solutions à même de le sortir de la crise. Vous avez conservé l'approche qui prévalait lors du précédent quinquennat ; j'aspire à la voir évoluer pour l'examen des textes consensuels à venir.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion