Intervention de Bruno Fuchs

Séance en hémicycle du jeudi 11 mai 2023 à 9h00
Mobilité internationale des alternants pour un "erasmus de l'apprentissage" — Après l'article 3 bis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBruno Fuchs :

Je vous remercie de me renvoyer la balle, mais je crains qu'il n'y ait une confusion, que vous entretenez peut-être à dessein, entre francophonie et pays francophones. Nous parlons ici de la relation de la France et de l'Europe avec les pays francophones, mais pas dans le cadre de la francophonie.

Depuis dix ou vingt ans, nous assistons à un désengagement de la France vis-à-vis de la francophonie. Le principal avantage d'Erasmus est l'apprentissage de l'anglais en Europe. Dit autrement, nous finançons largement ce programme pour que nos jeunes, avant toute chose, apprennent l'anglais, si bien que le revers de la médaille, c'est que cet engagement budgétaire n'est pas nécessairement utile à la France.

Les meilleurs défenseurs de la langue française sont les Canadiens, les Africains, bref tout le monde sauf les Français. Nous utilisons des slogans comme « Choose France » et de nombreux anglicismes dans nos communications internationales. Si nous ne nous saisissons pas du sujet, nous aboutirons à une réelle démission.

Quant à l'Assemblée parlementaire de la francophonie, il s'agit d'une belle instance, forte de quatorze permanents. Si nous lançons un rapport, il sera terminé dans un an et demi, et sans moyens derrière.

Je le répète, si la France ne joue pas un rôle moteur, l'espace de la francophonie se délitera. Il y avait 9 000 coopérants français dans les pays africains en 1990 : désormais, il y en a moins de 900 dans le monde, dont environ 600 en Afrique. Si nous n'investissons pas réellement dans des relations, des échanges avec les pays de l'espace francophone, les Chinois, les Turcs ou les Russes, qui y sont déjà nombreux, le feront.

Nous ne demandons ici qu'un rapport de faisabilité et non un engagement budgétaire. Il est évident que l'Assemblée parlementaire de la francophonie soutiendra ensuite l'idée, mais la responsabilité incombe bien à la France. Depuis des dizaines d'années, le pays reporte sur les autres sa responsabilité et son engagement en Afrique et dans l'espace francophone. Il est temps de montrer que la France est présente et honore les engagements qui lui incombent, à elle particulièrement.

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