Intervention de Marc Fesneau

Réunion du mercredi 3 mai 2023 à 16h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Marc Fesneau, ministre :

Vous ne m'entendrez jamais dire que le statu quo est la voie à suivre. La géographie agricole va changer, mais c'est le climat qui la modifiera, et non le Gouvernement. Les contraintes que connaissent dès à présent certains territoires seront amenées à évoluer. Le monde agricole en est bien conscient, car l'agriculture est la seule activité qui dépende principalement de ce qui se passe dans le ciel. Dans le Massif central, les prairies sont très durement affectées par le dérèglement climatique. Même s'il continue de pleuvoir, les quantités d'eau diminuent. Les 30 millions d'euros s'ajoutent à des dispositifs qui existent déjà dans les agences, à ceux de France 2030 et au système de la politique agricole commune (PAC). Pour ma part, je ne crois pas à la rupture dans des systèmes biologiques qui ont besoin de temps. Cependant, assumer ce temps de transition ne signifie pas que nous ne sommes pas décidés à mener cette dernière.

L'outre-mer bénéficiera d'une enveloppe spécifique de 35 millions d'euros, qui s'ajoutera à une partie de ces 30 millions pour répondre aux défis particuliers de ces territoires.

Monsieur Prud'homme, les pratiques agricoles doivent bien entendu évoluer. Sur le volume global, nous souhaitons une meilleure sobriété à l'hectare, qui reposera sur des efforts consentis par le secteur.

Je ne remets pas en cause les avis de l'Anses. Certains de vos collègues me demandent d'ailleurs d'aller à l'encontre des préconisations de l'agence en matière de claustration des animaux pour prévenir la grippe aviaire ; or personne ne vous accuse d'être à la solde de tel ou tel lobby ! Ce sujet doit vous inviter à faire preuve de subtilité. Encore une fois, la France n'est pas isolée : si je prends une décision qui sera remise en cause par une décision européenne dans quelques années, nous nous retrouverons avec des produits importés d'Allemagne, d'Espagne ou de pays extra-européens qui ne respectent pas les mêmes règles que nous. Nous avons besoin de synchroniser les calendriers : cela ne remet en rien en cause l'analyse scientifique.

S'agissant de la restitution de la concertation sur le PLOAA, ni M. Christophe Béchu ni moi-même ne remettons en cause la protection des zones humides. Aujourd'hui, il n'est pas possible de construire un ouvrage dans une zone humide – ce qui n'empêche pas que nous ayons besoin de réserves dans certains territoires. J'en profite pour dire un mot de Sainte-Soline, que personne n'a mentionné, à mon grand étonnement : l'objectif est de passer de 21 millions à 6 millions de mètres cubes prélevés l'été à la fin du projet, associé à des engagements sur la plantation de haies, la réduction de l'usage des produits phytosanitaires et la modification des assolements. Si ce projet n'est pas accepté, comment enclencher la transition que nous souhaitons ?

S'agissant de la consommation de viande et de légumes, nous devons commencer par reconquérir notre souveraineté. Dans un contexte de dérèglement climatique, pour assurer la sécurité alimentaire, il nous faut ajuster la production, notamment par le stockage. Nous ne pouvons renoncer à notre vocation exportatrice. Certains pays ne pourront plus produire en raison du dérèglement climatique : dans notre intérêt géopolitique et humanitaire, nous devrons pourvoir à leurs besoins – certes, pas de manière illimitée…

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