Intervention de Cyrielle Chatelain

Séance en hémicycle du lundi 22 mai 2023 à 16h00
Programmation militaire 2024-2030 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCyrielle Chatelain :

Hier encore, nous nous pensions à l'abri sur un continent en paix d'où le spectre de la guerre serait définitivement éloigné. Aujourd'hui, nous ne pouvons que constater le retour de la guerre de haute intensité sur le territoire européen, le nouvel élan dangereux des États autoritaires et la lente montée des gouvernements illibéraux en Europe. Nous avons longtemps cru que les guerres étaient derrière nous, que nos démocraties et nos interdépendances économiques nous mettaient à l'abri. Nous nous sommes crus protégés, et nous avions tort !

Nous avons également tort lorsque nous choisissons de continuer à vivre comme si notre planète avait des ressources infinies. Aujourd'hui, nous n'avons plus le choix, et le réveil est brutal. À cause de notre aveuglement, la moitié de l'humanité connaît une grave pénurie d'eau au moins une fois par an ; 3,3 milliards de personnes vivent dans des zones déjà vulnérables au changement climatique et 8 % à 30 % des terres agricoles mondiales pourraient devenir incultivables. Nous sommes confrontés aux limites de notre terre et aux risques de conflits que cela implique.

Alors oui, il est nécessaire de garantir les dépenses qui permettraient à nos armées de fonctionner ; je pense à l'amélioration des conditions de travail et des rémunérations mais également à l'investissement dans le maintien en condition opérationnelle des équipements. Les efforts réalisés sur ces sujets sont pertinents car une armée, aussi puissante soit-elle, doit d'abord se penser à hauteur d'homme et de femme.

Garantir le bon fonctionnement de l'armée, comme de tout service public, est nécessaire, mais, dans un monde profondément incertain, une loi de programmation militaire ne peut se contenter d'additionner les euros : elle doit impulser une vision stratégique de notre défense et anticiper les conflits de demain. Malgré les grands mots « d'amplification » et de « transformation », cette LPM s'inscrit dans la continuité. Surtout, elle ne prend pas en compte la complexité du monde d'aujourd'hui, et encore moins l'imprévisibilité de celui de demain.

Les crises et les dangers s'accumulent, mais notre stratégie de défense semble inchangée. Si la nouvelle revue nationale stratégique a signé la véritable entrée du climat dans les questions de défense, on peine à retrouver dans le présent projet de loi de programmation militaire une transposition satisfaisante de cette prise de conscience. Un amendement écologiste du député Julien Bayou a été adopté en commission : c'est un premier pas mais, dans le cadre de nos travaux, nous devons aller plus loin.

Pour les Écologistes, trois avancées majeures sont malheureusement absentes alors qu'elles auraient pu démontrer une réelle transformation de notre politique de défense et notre capacité à faire face aux nouveaux risques climatiques et géopolitiques.

Le premier élément qui fait défaut à ce texte concerne l'association plus forte du Parlement aux décisions en matière de défense. Aujourd'hui, celles-ci relèvent encore exclusivement du Président de la République et de l'état-major. Une grande démocratie telle que la nôtre ne doit pas avoir peur des débats stratégiques en matière de défense.

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