Intervention de Bastien Lachaud

Séance en hémicycle du mardi 23 mai 2023 à 21h30
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBastien Lachaud :

Toujours s'agissant de la doctrine de la dissuasion française, je rappelle qu'il fut un temps, pas si éloigné, où celle-ci était considérée comme le cœur souverain de notre défense, qu'il ne s'agissait pas de partager. Certains présidents ont ensuite jugé utile de prévoir qu'elle puisse l'être avec nos alliés européens. Mais ces derniers bénéficient déjà, dans le cadre de l'Otan, du bouclier nucléaire américain. Qu'ont-ils alors besoin d'une double protection ?

Vous dites, monsieur le ministre, que l'important, c'est la crédibilité de notre dissuasion et donc qu'il n'y ait pas de doute sur la définition de nos intérêts vitaux ; mais à trop l'élargir cette définition, ne crée-t-on pas un doute, augmentant ainsi une incertitude qui finira par empêcher le doigt de presser le bouton, ce qui rendrait la dissuasion inopérante ? Ne devrions-nous pas en rester à une définition plus stricte, et donc plus nationale, de nos intérêts vitaux ? Cela ne veut pas dire abandonner nos alliés européens qui, je le répète, sont de toute façon défendus dans le cadre de l'Otan par le bouclier nucléaire américain, vous ne cessez de nous le rappeler, mais aussi par l'article 42 du traité de l'Union européenne qui a la même force juridique à cet égard que l'article 5 de l'Otan, fondé sur le principe de la défense en cas d'attaque.

Toutefois, cela n'implique pas forcément une riposte nucléaire, et je vois donc dans cette évolution un glissement par rapport à la doctrine qui a été élaborée par le général de Gaulle – nos amis Les Républicains ne cessent de le rappeler –, glissement qui nous inquiète. C'est pourquoi nous souhaitons, dans le cadre de cette LPM, revenir à l'essence originelle de la doctrine.

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