Intervention de Natalia Pouzyreff

Réunion du mercredi 27 juillet 2022 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNatalia Pouzyreff, rapporteure pour avis :

La commission de la défense et des forces armées a examiné hier le projet de loi et donné un avis favorable à son adoption.

L'adhésion de la Suède et de la Finlande présente un bénéfice pour l'OTAN car, sans être des puissances de premier ordre, ces pays ont des capacités militaires non négligeables. L'armée suédoise compte 14 000 membres, le pays a rétabli le service militaire obligatoire. L'armée finlandaise compte 12 000 membres et de très nombreux réservistes. Ce pays de 5,5 millions d'habitants a conservé le service militaire obligatoire, si bien qu'il est en mesure d'opposer, en cas d'agression, 900 000 hommes ayant reçu une formation miliaire.

Les armées finlandaises et suédoises disposent en outre d'armements modernes. La Suède peut s'appuyer sur une base industrielle, technologique et de défense (BITD) compétitive et innovante, dont le chef de file est le groupe Saab.

Le gouvernement suédois a décidé en 2020 d'une hausse de 40 % du budget de défense – soit 8,8 milliards d'euros par an à compter de 2025 – et fait part de sa volonté, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, de porter cet effort à 2 % du PIB – soit plus de 10 milliards par an. Le budget de défense finlandais a atteint 5,1 milliards en 2022, ce qui représente 2 % du PIB. Il a été décidé récemment de l'augmenter de 40 %, pour le porter à plus de 7 milliards par an à compter de 2026.

L'apport principal de l'adhésion de la Finlande et de la Suède n'est toutefois pas capacitaire mais stratégique et politique. Leur intégration confère une profondeur stratégique qui permet de renforcer la posture de défense et de dissuasion du flanc oriental de l'OTAN en facilitant notamment la protection des États baltes en cas d'attaque de la Russie.

Cette adhésion illustre également la « résurrection » politique de l'OTAN. Le président Trump, focalisé sur la rivalité sino-américaine, était en effet ambigu sur l'automaticité du déclenchement de l'article 5 en cas d'agression armée contre un membre de l'Alliance. Le fait que deux pays, historiquement neutres, ou non-alignés, veuillent rejoindre les trente membres de l'OTAN symbolise l'unité et l'attractivité retrouvée de cette organisation.

Tout renforcement de l'OTAN est parfois présenté comme un affaiblissement, à tout le moins un obstacle au développement de l'Europe de la défense. Or l'objectif est le même : contribuer à la sécurité et à la défense du territoire européen. Cette congruence entre l'UE et l'OTAN est d'ailleurs rappelée dans les textes. Le concept stratégique souligne que l'« Union européenne est pour l'OTAN un partenaire incontournable et sans équivalent (…) Les deux organisations jouent des rôles complémentaires, cohérents et se renforçant mutuellement au service de la paix et de la sécurité au niveau international. »

Contrairement à l'OTAN, dont les moyens sont exclusivement militaires, l'Union européenne fait face à la crise en Ukraine avec l'ensemble des moyens à sa disposition, prenant des mesures dans le domaine politique, économique, financier ou énergétique. L'adhésion de la Suède et de la Finlande renforcera le pilier européen de l'OTAN en portant à vingt-trois le nombre d'États membres de l'UE et en augmentant son budget.

La meilleure preuve qu'il est vain d'opposer l'Union européenne et l'OTAN est le résultat du référendum danois, le 1er juin. Les Danois ont voté à 67 % pour la suppression de l' opt-out en matière de PSDC. Le Danemark, qui était membre de l'OTAN depuis 1949, participera bientôt pleinement à l'avenir de l'Europe de la défense.

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