Intervention de Danielle Simonnet

Réunion du mercredi 17 mai 2023 à 14h00
Commission d'enquête relative aux révélations des uber files : l'ubérisation, son lobbying et ses conséquences

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Simonnet, rapporteure :

Ce que représente l'économie des données reste très flou pour moi, mais je vous remercie pour les éléments que vous avez déjà exposés. Nous aurons peut-être besoin de vous poser d'autres questions par écrit pour approfondir la question et, surtout, pour élaborer les recommandations que les décideurs publics devraient suivre. Notre devise républicaine est « Liberté, égalité, fraternité », non « Propriété, surexploitation et déshumanisation ». Les nouvelles technologies doivent être au service de l'intérêt général, du progrès humain et de la soutenabilité écologique ; il ne faut pas laisser la logique capitaliste remettre en cause l'ensemble de nos principes.

Nous n'avons pas à avoir peur de l'intelligence artificielle, nous devons faire en sorte que l'État de droit conserve la maîtrise de l'intérêt général, quelle que soit l'évolution des technologies. Nous ne devons faire preuve d'aucune naïveté sur la façon dont la logique capitaliste tend à la surexploitation des nouvelles technologies. J'aurai des précisions à vous demander sur l'utilisation économique des données dans le capitalisme à l'heure de l'intelligence artificielle. Quels contrôles de l'exploitation des données les décideurs publics peuvent-ils prévoir ? La question ne se pose pas simplement du point de vue de la Cnil et de la protection des libertés fondamentales, mais également sur le plan de la transaction économique et de la répartition des richesses.

Si j'ai bien compris, vous dites que nous nous laissons convaincre que le système est opaque par ceux qui y ont intérêt alors qu'il n'est pas si compliqué de garantir, pour certaines plateformes, non seulement une transparence mais une maîtrise des conséquences de la modification des algorithmes. Un travail de formation et de réflexion doit être mené sur cet aspect et sur les effets des algorithmes sur le droit du travail et le droit de la consommation. Les décideurs publics sont sans doute en retard dans ces domaines.

Quant à la voiture autonome, la dystopie n'est pas encore advenue… Si l'intelligence artificielle progresse fortement, l'expérience montre que le facteur humain, capable de distinguer si c'est une poule, une personne âgée ou une femme avec une poussette qui traverse la route, est difficilement remplaçable. Je vois avec inquiétude que vous pensez que cet obstacle sera rapidement surmonté : l'avenir nous le dira. Je vous remercie, une nouvelle fois, pour vos contributions.

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