Intervention de Paul Christophe

Réunion du mercredi 31 mai 2023 à 9h35
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Christophe :

La proposition de loi dont nous discutons ce matin voudrait laisser croire qu'il serait possible d'abroger la mesure instaurant le recul de l'âge de départ à la retraite sans conséquences. Nous partageons tout de même au moins un constat : à l'Assemblée nationale comme au Sénat, nous nous sommes accordés sur le fait que notre système de retraites par répartition est déficitaire. Il nous faut le financer sur la durée, en tenant compte du déficit démographique de la population française. Dans notre groupe et au sein de la majorité, en responsabilité, nous avons fait le choix de ne pas augmenter les cotisations, pour ne pas pénaliser le pouvoir d'achat des salariés, et celui de ne pas baisser les pensions, pour ne pas diminuer les revenus des retraités. En conséquence, comme nos voisins européens l'ont fait avant nous, nous avons fait le choix de devoir travailler plus longtemps.

Je vous invite d'ailleurs à regarder de près la gestion du système de retraite complémentaire des salariés du privé – un autre système de répartition, confronté à la même question démographique : les syndicats ont validé, il n'y a pas si longtemps, un recul de l'âge de la décote. Le présent texte dénature l'esprit de la réforme des retraites, en abrogeant les mesures d'équilibre tout en maintenant les mesures de progrès social que nous avons défendues, en réparation d'injustices héritées du passé. Vous savez pourtant que l'un ne peut pas fonctionner sans l'autre.

Quant à la méthode, je me dois d'en souligner l'inconstitutionnalité : au regard de la Constitution, notre assemblée ne devrait pas avoir à examiner une proposition de loi qui grève les finances publiques de plus de 15 milliards d'euros. Une telle manœuvre relève de la manipulation politique, faite dans l'optique de mentir à nos concitoyens. Elle ne fait honneur ni à notre institution, ni au rapporteur.

Quelle ironie, de voir un conseiller référendaire honoraire de la Cour des comptes qui, tout au long de sa carrière, n'a cessé d'alerter sur l'état des finances publiques, présenter aujourd'hui un tel texte – le même qui soutenait, il n'y a pas si longtemps, un âge de départ à la retraite à 65 ans ! Mais ne dit-on pas de ceux qui recherchent la gloire et la renommée qu'ils sont les moins qualifiés pour les obtenir ? Vous l'avez compris, nous ne soutenons pas cette proposition de loi.

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