Intervention de Lisa Belluco

Séance en hémicycle du jeudi 22 juin 2023 à 15h00
Accompagnement des élus locaux dans la lutte contre l'artificialisation des sols — Après l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLisa Belluco :

Certains territoires ont leurs propres documents de planification régionale : c'est le cas de l'Île-de-France et de la Corse. Nous avons eu un débat à ce sujet en commission, et maintenant ici en séance. Je rappelle que les régions qui ne sont pas sous le régime du Sraddet ne sont pas tenues de respecter l'objectif de réduction de l'artificialisation d'ici 2031. Pourtant, c'est indispensable pour elles aussi.

Prenons l'exemple de l'Île-de-France : vous nous avez indiqué en commission, monsieur le ministre, qu'il n'était pas utile de l'intégrer car cette région est déjà exemplaire, mais ce n'est pas le cas. Si le taux d'artificialisation en Île-de-France est plus faible que la moyenne nationale, soit autour de 0,7 % annuel sur dix ans au lieu de 1,2 % à l'échelle nationale, son taux d'urbanisation particulièrement fort au départ en est la cause. C'est en effet la région la plus urbanisée de France, 21 % de sa superficie, deux fois plus que la Bretagne qui est pourtant classée deuxième. Voilà qui renforce la nécessité d'appliquer l'objectif de réduction de l'artificialisation et celui du ZAN à ce territoire, sachant que la région ne compte pas suivre d'elle-même ces objectifs. Sa présidente, Valérie Pécresse, nous le prouve dans son projet de schéma directeur de la région Île-de-France – le Sdrif – puisqu'elle envisage de ne réduire la consommation d'espace que de 20 % contre 50 % pour le reste du territoire.

La région compte poursuivre sa politique de destruction de terres aux qualités agronomiques pourtant particulièrement reconnues, menaçant ainsi notre souveraineté alimentaire. C'est le cas notamment des terres de Gonesse et de Saclay, respectivement 670 hectares et 2 300 hectares parmi les meilleures terres d'Europe, menacées sinon déjà ensevelies. Pourtant, à lui seul, le plateau de Saclay pourrait nourrir un jour en légumes bio près de 400 000 personnes. J'ajoute que sur ces terres constituées de limon millénaire, le blé, le maïs et la pomme de terre ont poussé comme chaque année globalement sans arrosage, malgré la sécheresse de l'été 2022.

Ces espaces verts périurbains sont aussi de précieux auxiliaires dans la régulation thermique de la région parisienne, sachant qu'une étude récente indique que la métropole parisienne serait la plus mortelle d'Europe en cas de canicule. Par conséquent, il faut absolument maintenir ces espaces verts car ils garantissent notre adaptation au changement climatique. Les enjeux écologiques et agronomiques, qui justifient la lutte contre l'artificialisation des sols, ne sont pas moins valables en Île-de-France qu'en Nouvelle-Aquitaine. C'est en plus une question de justice territoriale.

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