Intervention de Hubert Julien-Laferrière

Réunion du mercredi 3 août 2022 à 9h40
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Julien-Laferrière :

Nous pourrions être satisfaits du fait que le Qatar fait appel à l'expertise française en matière de sécurité. Nous devons néanmoins nous interroger : pourquoi le Qatar aurait-il tant besoin de la France pour assurer la sécurité de la Coupe du monde de football ? N'est-il pas en mesure de le faire lui-même, le cas échéant avec l'aide de ses voisins ?

Je reviens à mon tour sur le contexte. Les conditions d'attribution de l'organisation de la Coupe du monde de football demeurent peu claires et on dénonce un véritable désastre environnemental. Le Qatar avance qu'il ne sera pas nécessaire de climatiser les stades, puisqu'il y fait seulement 20 à 25 degrés en novembre – je peux le confirmer pour m'y être rendu à cette période, il y a quelques années. Toutefois, lesdits stades continueront à être utilisés après la Coupe du monde, y compris l'été, et seront donc climatisés. En outre, la climatisation n'est pas le seul problème montré du doigt en matière environnementale.

J'en viens à la question des droits. Ces derniers temps, la Qatar a fait l'objet de critiques concernant la situation des femmes, le traitement des minorités LGBT et les conditions imposées aux travailleurs. C'est pourquoi certains États envisagent un boycott diplomatique de la Coupe du monde. De même, plusieurs pays, au premier rang desquels les États-Unis, avaient organisé un boycott diplomatique des Jeux d'hiver de Pékin – la France avait alors refusé de s'y associer.

Amnesty International dénonce 6 500 morts sur les chantiers de la Coupe du monde, même si, d'après l'article précité du Guardian, on ignore si ces décès sont directement liés au travail sur les chantiers. Pardon de me livrer à un tel décompte macabre mais il importe d'en connaître les causes.

Pour faire le point sur la question, plusieurs collègues et moi avons organisé à l'Assemblée nationale, en février dernier, une audition de Lola Schulmann, chargée de plaidoyer à Amnesty International, de Max Tuñón, chef du bureau de l'OIT à Doha, et de Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI). Les deux derniers ont salué les progrès en matière de droits des travailleurs au Qatar, certes au regard non pas de nos propres standards mais de ceux des voisins de l'émirat dans le Golfe.

Face aux doutes que l'on peut nourrir, je propose que notre commission approfondisse son travail en auditionnant des ONG, l'OIT et la CSI. Elle a toute compétence pour se saisir du sujet. Quelques 6 500 morts, cela mérite que l'on s'y intéresse de près.

Compte tenu de tous ces éléments, le groupe Écologiste-NUPES s'opposera à la ratification de cet accord.

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