Intervention de Ersilia Soudais

Réunion du mercredi 3 août 2022 à 9h40
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaErsilia Soudais :

L'accord débute sous les auspices de l'attachement « au développement des relations d'amitié et de coopération qui unissent la République française et l'État du Qatar ». Pour avoir qualifié d'amies deux organisations palestiniennes, aux mêmes fins diplomatiques, Jérémy Corbyn a abusivement été traité d'antisémite et traîné dans la boue, à tel point que le garde des sceaux semble désormais le confondre avec je ne sais quel dignitaire nazi.

Qui sont nos amis du jour ? Le Qatar a partie liée avec les Frères musulmans – c'est justement ce qu'on reproche à Hassan Iquioussen mais le gouvernement français fait des affaires avec le premier tout en préparant, contre l'avis de la Ligue des droits de l'homme (LDH), l'expulsion du second. Ne voyez-vous pas l'ironie de la chose ? Peut-on décemment être ami avec un État condamné à de multiples reprises pour atteinte aux droits humains, aux règles de l'OIT et aux normes environnementales, avec un État soupçonné de corruption, qui soutient des groupes djihadistes, est le premier consommateur d'armes par habitant, interdit l'accession à la nationalité qatarienne, emprisonne ses poètes, pratique la peine de mort et réprime les minorités sexuelles ?

Cet affichage d'amitié avec le Qatar, comme il y a quelques jours avec Mohammed ben Salmane ou avec l'autocrate Patrice Talon, reflète finalement l'attachement très inégal à la démocratie du gouvernement d'Emmanuel Macron : deux poids, deux mesures, aussi bien dans la conduite des affaires étrangères qu'au niveau national. Ainsi, on abandonne Salah Hamouri pour ne pas froisser l'État d'Israël et on flatte les pires régimes totalitaires dans le monde, tandis qu'en France, on éborgne les gilets jaunes, on envoie le GIGN aux Antilles et on célèbre Pétain, Maurras et Barrès. En même temps, on fait porter le poids de ses propres turpitudes à l'opposition démocratique, sous les applaudissements d'un parti d'extrême droite fondé par un Waffen SS. Ce double discours, qui consiste à flatter des amis au Qatar tout en dénonçant les élus de La France insoumise qui soutiennent Amnesty International, la LDH et d'autres organisations démocratiques, est dangereux. Cela risque de mal finir.

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