Intervention de Alexandre Portier

Réunion du mardi 2 août 2022 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexandre Portier :

Durant ce mandat, sera-t-on capable de sortir du « tout ne va pas si mal » pour regarder les choses en face, avec lucidité ? Le ministère que vous dirigez ne parvient plus à trouver des enseignants : c'est un grave signal d'alerte. Plus de 4 000 postes sur 27 000 ne seront pas pourvus à la rentrée 2022. Allons-nous encore faire appel aux enseignants retraités ou fermer des classes ? Allez-vous devoir verser des indemnités aux familles pour chaque heure de cours perdue ? Le recrutement ponctuel d'agents contractuels ne suffira pas. Une série de pansements ne forme pas une politique nationale, et nous n'arrêterons pas une hémorragie avec des pansements.

D'où vient le mal ? Sans doute du déclassement violent que subissent les enseignants depuis plusieurs décennies. Pour les parents comme pour les enseignants, l'école républicaine n'apparaît plus comme la voie de l'ascension sociale.

Il y a évidemment le salaire : diplômé d'un bac + 5, un professeur commence sa carrière avec, en moyenne, 1 450 euros net par mois, soit 1,14 SMIC. Comment faire rêver les têtes les mieux faites ? En outre, la stratégie d'élévation du niveau de recrutement n'a pas donné lieu à une hausse de rémunération ; on en voit les conséquences. Nos meilleurs esprits désertent l'enseignement.

Et puis, soyons clairs : ce n'est pas seulement d'un salaire que les enseignants ont besoin, c'est d'abord de considération et de soutien. Seuls 4 % des professeurs des écoles estiment que leur métier est valorisé par la société. Un quart des enseignants s'interroge sur la voie professionnelle qu'ils ont choisie. Avant de parler chiffres, il faut nous parler humain. Car l'école n'est pas une grande garderie. Elle n'a pas vocation à se soumettre aux pressions extérieures ni à se plier en quatre pour répondre aux desiderata de chacun. L'école, ce n'est pas « venez comme vous êtes ». Comment former efficacement et avec exigence, comment transmettre nos valeurs républicaines dans une école laissée au bon vouloir de chacun ? L'école n'est rien sans l'autorité de l'enseignant, autorité trop souvent bafouée par les élèves, trop souvent remise en cause par les parents – parfois un peu trop présents dans les écoles –, trop peu souvent soutenue, surtout, par la hiérarchie. Que ferez-vous pour réaffirmer cette autorité ?

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