Intervention de Sophie Panonacle

Réunion du mercredi 27 juillet 2022 à 16h50
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Panonacle :

Madame la secrétaire d'État, nous avons en commun un attachement viscéral à la Gironde. Nous savons reconnaître le parfum subtil du bassin d'Arcachon, ce mélange d'air iodé et d'arôme de résine. Pour l'avoir escaladé à l'envi, nous savons que le magnifique site de la dune du Pilat présentait à son sommet un point de vue emblématique : d'un côté, l'océan Atlantique, à l'infini ; de l'autre, l'océan vert de la forêt de La Teste-de-Buch.

Je parle à l'imparfait, car cette forêt est aujourd'hui défigurée, anéantie : en quelques jours, près de 7 000 hectares sont partis en fumée. Comme si ce n'était pas suffisant, le feu de Landiras, à quelques dizaines de kilomètres seulement, a ravagé 13 000 hectares de forêt de production. Ces deux feux géants sont qualifiés, à raison, d'incendies du siècle.

Les deux feux survenus dans les monts d'Arrée, dans le Massif armoricain, ont eux aussi soulevé inquiétude et émotion, dans une région qui se pensait à l'abri du risque d'incendie. Le dernier feu de forêt en date a touché Aumelas, dans l'Hérault.

Depuis le 12 juillet, pas moins de 284 départs de feu ont été traités en Gironde par les pompiers du service départemental d'incendie et de secours (SDIS). Il s'est agi le plus souvent, vous l'avez dit, de feux d'origine criminelle ou provoqués par la négligence.

Bien évidemment, le réchauffement climatique fait également son œuvre : la forte canicule provoque la sécheresse des sous-bois, qui deviennent des allume-feu de premier choix. Le manque d'entretien des forêts et l'insuffisance des pare-feu posent problème.

La question de la révision de la doctrine et celle des moyens de lutte contre les feux de forêt relèvent également du ministre de l'intérieur, qui gère la sécurité civile. J'ai pu lui faire part de quelques propositions, notamment celle de déplafonner le fonds stratégique de la forêt et du bois, afin de débloquer davantage de moyens de surveillance, et celle de réviser les contributions au fonctionnement des SDIS en fonction de l'évolution de la population, le dispositif ayant été figé par la loi du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité. Nous aurons l'occasion d'y revenir lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2023.

La diversité de la faune et de la flore est gravement et durablement affectée dans ces forêts dévastées. Je souhaiterais vous entendre sur la question de l'adaptation des forêts au réchauffement climatique, qu'elles soient domaniales, privées ou usagères – à l'image de celle de La Teste-de-Buch. Ces différences de statut juridique créent une difficulté supplémentaire.

Vous vous êtes engagée à mettre sous protection les 25 000 hectares de la forêt de Fontainebleau. S'agit-il d'une expérimentation, sachant que la forêt métropolitaine couvre 17 millions d'hectares, dont 3 millions en Nouvelle-Aquitaine ?

Passé le temps de la sidération vient celui de la reconstruction des massifs forestiers. Souhaitez-vous vous appuyer sur l'expertise de l'ONF ? Ne serait-il pas judicieux d'augmenter ses moyens ? Pensez-vous que le Conservatoire du littoral a un rôle à jouer dans l'acquisition et la gestion de forêts singulières telles que la forêt usagère de La Teste-de-Buch, au pied de la dune du Pilat ?

Je retiens l'engagement pris par le chef de l'État il y a quelques jours en Gironde. Il faut que l'on rebâtisse, que l'on ressème, que l'on fasse repousser. Il faut en faire un grand chantier national, à l'instar de celui de Notre-Dame de Paris. Nous y participerons, et je vous remercie, madame la secrétaire d'État, d'être à nos côtés.

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